L'inventaire cartographique des épaves récentes de la rade de Toulon vient d'être mis à jour et publié.
Vous pouvez le télécharger en cliquant sur Sources de pollution de la rade de Toulon Inventaire cartographique des épaves récentes Actualisation au 27 février 2024.
Au 27 février 2024 ce sont 45 épaves, 20 de voiliers et 25 de canots, qui ont été inventoriées, un total en augmentation de 3 épaves par rapport à l’inventaire réalisé en 2023. Ce nouveau décompte résulte d’une meilleure couverture géographique du littoral à la suite de nouveaux signalements d’épaves, en particulier sur le littoral du domaine militaire de la commune de Saint-Mandrier.
Aujourd’hui 11 mars2024, ce sont 3 des voiliers échoués sur les rochers protégeant la Corniche Georges Pompidou qui ont été enlevés par la municipalité de la Seyne-sur-Mer, en particulier celui qui avait été drossé à la côte devant Michel Pacha (Photographies du 11 mars 2024). Ils étaient échoués depuis des mois et commençaient à se délabrer sérieusement. Allez encore un effort, il en reste donc 42 pour que le littoral de la rade offre un spectacle digne de l’engouement des amoureux de la rade.
A la date de publication du rapport, aucune épave de voilier à la coque complètement immergée observée en 2023 (voir ce post) n’avait été enlevée bien qu’étant un risque à la navigation. De même, à de nombreux endroits dans la rade subsistent des déchets immergés de différents types. Les épaves de ces bateaux sont autant de sources de pollution des différentes composantes abiotiques et biotiques du milieu marin, contaminations qui préoccupent les associations.
Comme en 2023, afin de faciliter la tache de leur enlèvement, cette nouvelle version de l’inventaire a été transmise aux autorités (préfet du Var et préfet maritime) en tant que contribution au projet Sentinelles de la nature (https://sentinellesdelanature.fr/) mis en place par France Nature Environnement. Le projet Sentinelles a pour objectif de permettre à la communauté citoyenne de géolocaliser les atteintes à l'environnement afin de les signaler à l’autorité afin que soit apporter des solutions de remédiation, avec l’appui des associations et des fédérations de protection de l'environnement.
Ce lundi 26 février, au petit matin, au programme nettoyage de la coque du Pascal Lota de la Corsica Ferries à quai au port de commerce de Toulon. Une large « tache » de couleur noire inhabituelle était présente au niveau de la section de la coque sous la passerelle de navigation côté bâbord. Celle-ci a été éliminée au jet.
Quelle est l’origine et la nature de cette tache ? Y-a-t-il eu une autorisation pour ce nettoyage réalisé dans le port avec une éventuelle pollution des eaux de mer de la rade ? Où sont passé les résidus de ce lavage ? Des analyses de contrôles ont-elles été réalisées ? etc. Rien sur le site de la CCI du Var propriétaire du port… (Photo Stop croisières, 26 février 2024).
Les habitants de la métropole toulonnaise ne connaitront donc pas les substances concernées, ni par conséquent leurs effets et toxicités éventuels pour l'environnement marin ou sur leur santé.
Ce n’est malheureusement pas la première fois que le Pascal Lota se lâche au port de Toulon...
Pollutions de l’eau, pollutions de l’air, allons donc, dormez tranquille citoyens, nous nous occupons de tout, en fait il n’y a rien à voir...
Si vous voulez un autre avenir pour notre métropole.
Faites-le savoir en signant la pétition
« STOP CROISIERES GRANDE RADE DE TOULON », ICI
Le navire de croisière Fantasia de la Mediterranean Shipping Company (MSC) suisse battant pavillon du Panama est arrivé toute fumée dehors ce dimanche vers 10h00 sur une mer d’argent. En provenance de Barcelone et à destination de gêne il a fait une brève escale à la Seyne sur mer dont le quai n’est pas équipé d’installation d’alimentation électrique.
La MSC est l’une des plus grandes compagnies maritimes au monde. Ses énormes navires transportent des conteneurs et des touristes à travers le monde, crachant leurs polluants dans l’atmosphère (Photographie du MSC Splendida en approche de la rade de Toulon prise le 7 janvier 2024 à 9h22).
Une enquête publiée en 2023 par la Fédération européenne pour le transport et l’environnement montre que les navires de croisière ont rejeté en 2022 quatre fois plus de gaz sulfuriques dans l’atmosphère que l’ensemble des 291 millions de voitures en circulation en Europe.
Les 19 navires de MSC Croisières ont rejeté 3 358 tonnes le dioxyde de soufre soit autant que les 276 millions de voitures.
Les gaz sulfuriques rejetés provoquent des pluies acides et des affections respiratoires, sans parler des dioxydes d’azote, de CO2, de particules fines de toutes tailles, etc...
Mais rassurez-vous aucune station de mesure du soufre dans l’atmosphère n’a été installée par Atmosud sur le territoire de TPM sous l’influence des rejets gazeux des navires des ports de Toulon ou de la Seyne sur mer. Donc, pas de mesure de qualité de l’air en soufre, pas de problème pour votre santé. Ben voyons ! La aussi, la politique est connue : il est urgent d’attendre…
Pour en savoir plus
- Corporate Watch (2021). MSC: A profile of one of europe’s worst polluters
- Transport & Environment (2023). The Return of the Cruise
- The conservation (2023). Transport aérien, croisières… La piste des « passeports carbone » pour limiter l’impact du tourisme
Un rapport de l’ADEME publié en 2022 indiquait que « le transport aérien français (vols intérieurs et vols internationaux au départ de France) a des impacts de plus en plus importants sur l’environnement, dans un contexte de croissance de l’activité à l’échelle mondiale... les émissions de CO2 du secteur ont augmenté de 85% entre 1990 et 2019, et pourraient encore croître de 50% d’ici 2050 si de nouveaux leviers de décarbonation ne sont pas mobilisés ».
Malheureusement, les statistiques fournies par le site Flightradar24 sont particulièrement éloquentes pour les dernières années montrant une augmentation des vols, en particulier de l’aviation commerciale de passagers qui constitue l’immense majorité du trafic mondial (avec 12,5 millions de passagers par jour).
Pour l’ensemble des pays, les évolutions du nombre total de vols (courbe du haut) et du nombre de vols commerciaux (courbe du bas) des 4 dernières années de 2020 à 2023 lissées par des moyennes mobiles sur 7 jours s’inscrivent dans une hausse progressive mais jusqu’à quand ? (Source Flightradar-24).
Toujours d’après l’ADEME les émissions de CO2 des vols au départ de la France pourraient être réduites d’environ 75% entre 2019 et 2050 en mobilisant trois leviers majeurs :
- l’amélioration de l’efficacité énergétique des avions ;
- le recours aux carburants durables pour baisser l’intensité carbone de l’énergie ;
- la maîtrise et réduction du trafic.
En réalité seul le dernier levier est envisageable à court terme à travers une la hausse du prix du kérosène et/ou la limitation des créneaux de décollage dans les aéroports.
Concernant cette dernière option, la Convention citoyenne pour le Climat, dans sa proposition SD-E2 adoptée le 20 juin 2020 stipule qu’il faut « Organiser progressivement la fin du trafic aérien sur les vols intérieurs d’ici 2025, uniquement sur les lignes où il existe une alternative bas carbone satisfaisante en prix et en temps sur un trajet de moins de 4h ». Trois ans après que le principe a été posée, le 23 mai 2023 un décret a été publié pour qu’une partie des vols intérieurs en France sont interdits s'il y a une alternative en train en moins de 2h30. Le décret exclu donc tous les trajets d’une durée supérieure à 2h30. Pour autant, le président Emmanuel Macron a évidemment salué cette publication dans un tweet un "engagement tenu".
Mais qu’en est-il vraiment pour les trajets d’une durée inférieure à 2h30 ? Et bien comme d’habitude on se moque du monde, de nous donc. L’entourloupe a été bien résumée par France info.
Ainsi par exemple aujourd'hui des vols d’Air France au départ de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, près de Paris, relient Lyon par 12 vols aller-retour quotidiens (AF7360 etc.), Bordeaux par 10 vols (AF7630, etc.), Nantes par huit vols (AF7500) et même Rennes (AF9466-AF9467). Ainsi, une trentaine de vols quotidiens sont disponibles entre ces villes qui sont pourtant toutes reliées en TGV en moins de 2h30.
L’explication ? Elle est trouvée par la lecture attentive du décret qui précise que « le service ferroviaire à grande vitesse » doivent desservir les mêmes villes que les aéroports concernés mais que « la gare prise en compte pour l'application des dispositions du présent alinéa est celle desservant cet aéroport ». Et oui, donc c’est Roissy-Charles de Gaulle qui est à considérer et non pas Paris puisque l'aéroport dispose d'une gare TGV. Ainsi, par exemple, le trajet à considérer n'est pas Paris-Nantes, mais Roissy-Charles de Gaulle - Nantes et il est de plus de 2h30 en train. Les vols peuvent donc être maintenus en toute légalité et surtout en totale contradiction avec l’objectif à atteindre, celui de réduire les émissions de CO2.
Le décret exige bien qu'il y ait des trains à une fréquences « suffisantes et des horaires appropriés » qui permettent de permettre « plus de huit heures de présence sur place dans la journée ». Mais pour nombre de trajets, ce n'est pas le cas au départ de la gare TGV de Roissy-Charles de Gaulle. Ce n'est pas le cas non plus entre Lyon et Marseille : il n'y a pas assez de trains entre les aéroports de ces deux villes, donc les vols de moins d'une heure sont maintenus, alors que le voyage se fait en un peu plus de 2h sur les rails…
Carte des vols en cours en Europe, centrée sur la France le 2 janvier 2024 à 11h50.
Conséquence, en 2019, en France (vols intérieurs et vols internationaux au départ de France), le secteur aérien a émis directement 24,2 millions de tonnes de CO2, soit une augmentation de 85% par rapport à 1990, qui représentent l’équivalent de 5,3 % des émissions globales de la France, soit 2,2 fois plus qu’il y a 30 ans… alors même que l’objectif français de neutralité carbone en 2050 repose sur une division par 6 au moins des émissions de la France entre 1990 et 2050 !
Les traînées blanches laissées par les avions sont le résultat de la condensation de la vapeur d’eau dégagée par les moteurs des avions. Elles sont appelées « contrails », contraction en anglais de « condensation » et de « trails » pour « traînées de condensation ». En effet, la combustion du carburant dans les réacteurs des avions dégage de la vapeur d’eau qui gèle avec les températures basses caractéristiques des altitudes élevées. Les particules de glace formées sont alors visibles sous la forme de contrails. Elles sont produites dès 8 000 mètres d’altitude lorsque le taux d’humidité est supérieur à 68% et la température est inférieure à - 39°C. Sans danger elles permettent en revanche de bien e visualiser l’importance du trafic aérien (Photographie du ciel prise à Saint-Mandrier le 14juillet 2023 à 21h16).
Lorsque vous programmez vos voyages, vérifier avant de décider de votre mode de transport s’il n’y a pas une alternative bas carbone plus satisfaisante que l’avion comme le train par exemple.
Pendant que les participants à la 28ème Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP28) se réunissent en plein désert à Dubaï, d’après l’Agence internationale de l’énergie, les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie ont augmenté en 2022 de 0,9 % ou 321 millions de tonnes (Mt), atteignant un nouveau sommet à plus de 36,8 Gt.
La réduction de 1,6 % des émissions de CO2 dues au gaz naturel suite à un resserrement de l’offre particulièrement prononcé en Europe (-13,5%) exacerbé par les sanctions prises suite à la guerre en Ukraine a été malheureusement compensée par l’augmentation de 1,6 % des émissions dues au charbon, dépassant de loin le taux de croissance moyen de la dernière décennie. Elles ont atteint un nouveau record historique de près de 15,5 Gt. De plus, en 2022 les émissions du pétrole ont augmenté encore plus que celles du charbon, de 2,5 % pour atteindre 11,2 Gt.
Après deux années d’oscillations exceptionnelles en matière de consommation d’énergie et d’émissions, causées en partie par la pandémie de Covid-19, la croissance de l’année dernière a été bien plus lente que le rebond de plus de 6 % de 2021 (source Agence internationale de l’énergie).
Une bonne nouvelle, l’Union européenne a enregistré une réduction de 2,5 % ou 70 Mt des émissions de CO2 malgré les perturbations du marché pétrolier et gazier, les déficits hydroélectriques dus à la sécheresse et la fermeture de nombreuses centrales nucléaires. Les émissions dues au chauffage des bâtiments ont nettement diminué grâce à un hiver doux. Même si les émissions du secteur de l’électricité ont augmenté de 3,4 %, la consommation de charbon n’a pas été aussi élevée que prévue.
Pour la première fois, la production d’électricité à partir de l’énergie éolienne et solaire photovoltaïque combinée a dépassé celle du gaz ou du nucléaire.
Dans la rade non plus, malheureusement toujours pas de réduction notable quant aux émissions atmosphériques de gaz polluants et de particules dans l’air que nous respirons… Les navires de la Corsica Ferries au port de Toulon rejettent leur gaz de combustion, les navires circulant dans la rade font de même ainsi que l’incinérateur de l’Escaillon…
(Photographies du Mega Smeralda de la Corsica Ferries à quai le 1er décembre 2023 à 8h50, du remorqueur Chambon Mistral de la Compagnie Maritime CHAMBON 1 er décembre 2023 à 9h16, de la Vedette d'Intervention Plongeurs/Démineurs Dionée de la marine nationale le 1 er décembre 2023 à 10h54, de l’incinérateur de l’Escaillon le 1er décembre 2023 à 8h59 ).
Les stations de mesure de la « qualité de l’air » d’Atmosud ne mesurant toujours pas les concentrations atmosphériques en oxyde de soufre ou SOx – un des principaux contaminants qui résulte d’une combustion incomplète du mazout lourd utilisé comme carburant dans les navires, tout va bien suivant la règle « pas de données, pas de problèmes ».
Pas de doute donc pour les climatosceptiques locaux, il est toujours urgent d’attendre. Allô Mars ? ici la Terre…