Le coup de vent d’Est (Levante) qui perdure provoque de fortes houles mais, alors qu’habituellement il apporte des nuages et de la pluie, cette fois-ci que nenni, c’est un " levant blanc " qui souffle plutôt l’été. Serait-ce de mauvais augure quant à la durée de la sécheresse qui s’est installée depuis des semaines maintenant sur la presqu’ile ?
Les épaves parsèment l’avant-port de Saint-Mandrier, certaines depuis plus d’une année, car une même cause conduit aux mêmes effets… (Photos du 25 mars 2022)
En tout cas, ce coup de levante qui perdure a également produit de la matière première sur la presqu’ile pour l’artiste Tadashi Kawamata (voir notre post du 20 mars). De nouvelles épaves se sont rajoutées à celles qui jonchent la digue du port du village et celles qui rouillent sur place depuis des années polluant méticuleusement les eaux de la rade …
Il a également renforcé les courants qui ont apporté sur nos plages quantité de déchets plastiques et bon nombre de Biomédias qui proviennent des rejets des stations d’épuration des eaux sanitaires. C’est ce que nous avons constaté lors d’un nettoyage citoyen, puisqu’il faut bien se substituer au service communaux/métropolitains pour nettoyer nos plages en dehors de la saison estivale. Ce n’est pas une première.
Ainsi, près d’une centaine de filtres Biomédia ont été collectés hier sur les 80 m linéaire de la plage de la Vieille. Notre collecte n’étant pas exhaustive, l’ampleur de ces nouveaux échouages est donc inquiétante de par leurs conséquences sur la contamination de l’environnement et éventuellement sur notre santé puisqu’ils témoignent de la trajectoire des eaux rejetées par les stations d’épuration.
Epave et divers débris de différents types sont échoués sur les plages de la presqu’ile comme celle de la Vieille. Ainsi, de nombreux biomédias rejetés par les stations d’épuration des eaux sanitaires sont été collectés. Leur présence démontre, si besoin était, que les trajectoires des eaux polluées rejetées par les stations d’épuration atteignent les eaux de nos plage, inquiétant non ? (Photo du 25 mars 2022)
Les particules de plastique sont des polluants omniprésents dans l’environnement et les chaînes alimentaires mais, à ce jour, aucune étude n’avait fait état de la présence de particules de plastique dans le sang humain. Et bien c’est chose faite, pour la première fois une étude aux Pays-Bas publiée le 24 mars 2022 détaille la découverte de microplastiques dans le sang humain, ce qui ne manque pas d’inquiéter quant à leur impact sur la santé humaine.
Une étude pionnière de biosurveillance humaine a démontré que les particules de plastique sont biodisponibles et absorbées pour se retrouver dans la circulation sanguine humaine. De nouvelles études seront nécessaires pour la compréhension de l'exposition à ces substances chez les organismes vivants dont l'homme. Il reste également à déterminé le risque pour la santé publique en fonction de l’importance de l'exposition aux particules de plastique.
Des particules microscopiques, 0,0007 mm, ont été découvertes chez 77% d’un groupe de donneurs de sang adultes en bonne santé. Ce sont le polyéthylène téréphtalate, le polyéthylène et les polymères de styrène (un paramètre somme du polystyrène, du polystyrène expansé, de l'acétonitrile butadiène styrène, etc.) qui ont été quantifiés en plus grandes quantités, suivis du poly(méthyl méthylacrylate)…
Nous avions fait un courrier à l’ARS en juillet dernier qui est resté sans réponse. Plus que jamais, que font les grands diseurs qui se disent préoccupés par la protection de notre santé, petits faiseurs...
Comme l’aurait dit un général, un quarteron de responsables politiques affirmant leur soutien au président de la République lui demandent dans une récente tribune (Marianne, 25 février) d'aller plus loin dans l'écologie du « en même temps ». Car, en effet, ils font un constat saignant de la situation « Devant l'effondrement du vivant, la déstabilisation des écosystèmes, l'artificialisation des sols, le drame des particules fines ou la pollution marine, il n'est plus question de politique aveuglement partisane ! »
Les associations de protection de l’environnement, les citoyens et citoyennes ne pourront qu’être d’accord sur ce constat qui fait l’objet de propositions toujours différées. Comment l’une des signataires, Mme Muschotti, députée macroniste du Var de la première heure va-t-elle s’y prendre pour convaincre les macronistes locaux et régionaux de la dernière heure d’agir à la hauteur des enjeux …
Ainsi, rien n’est dit sur les mesures attendues depuis des années pour que l’atmosphère de notre région ne soit plus polluée régulièrement par les particules fines et moins fines émises par les ferries et les embouteillages malgré les affirmations d’actions des grands diseurs et petits faiseurs…
Un magnifique croissant de lune ce matin au-dessus du Méga Express Four entrant dans la grande rade pour rejoindre le port de Toulon.
La triste réalité : particules fines et autres polluants dans le panache du Méga Express Four dans la rade puis à quai se dispersant au-dessus de la zone portuaire. On vous rassure, aucune station de mesure de la qualité de l’air ne les a détectées…
Le 9 février, annonçant la tenue du One Ocean Summit à Brest, le Président de la République assure que c’est le moment « de relever le niveau de la communauté internationale sur les sujets maritimes… One Ocean Summit aue la France accueillera pour mobiliser, agir concrètement chacune et chacun à notre niveau… Ce sommet montrera qu’il est non seulement possible d’agir mais que nous avons pris la mesure de l’urgence pour renverser la tendance… Alors engageons-nous tous ensemble sans attendre pour l’océan, pour notre océan, notre bien commun ».
Cependant, après un quinquennat d’incohérence entre les discours et les actes… on sature. Et les océans aussi. Un dernier exemple récent parmi tant d’autres, celui des pollutions générées par les ferries, paquebots et navires de transport de marchandises dont le nombre semble croitre sans limite.
Aussi, la réduction des émissions atmosphériques polluantes en oxydes de soufre (SOx) et d’azote (NOx) provenant des gaz d’échappement de tous ces navires est au cœur des enjeux de la transition écologique et des combats de nombreuses associations de protection.
Photo : Emissions polluantes dans l’atmosphère des ferries en rade de Toulon (13 Juin 2021)
Certes, depuis 2005, la teneur en soufre des combustibles pouvant être utilisés par les navires a été progressivement réduite, passant de 4,5 % à 0,5 % en 2020 dans nos ports méditerranéens (voir notre post 1er janvier 2020 : Le fuel lourd est mort ! Vive le fuel lourd avec scrubber ![1]). Aussi, pour continuer à utiliser du fioul lourd à 4,5 % moins cher que celui à 0,5%, un grand nombre d’armateurs ont équipé leurs navires de systèmes d'épuration des gaz d'échappement (EGCS) encore appelés scrubbers.
Aujourd’hui, malheureusement les principales pollutions classiques des eaux marines étaient une fois de plus bien visibles dans le port :
- des hydrocarbures irisaient la surface de l’eau. Leur évaporation est néfaste à la santé de ceux qui les respirent. Du point de vue environnemental, ces produits, en plus des additifs qu’ils contiennent, génèrent des molécules toxiques en quantité importante dans la colonne d’eau.
Lorsque les eaux portuaires sont turbides, ces molécules se fixent sur la matière en suspension qui se déposent sur le fond et contaminent les sédiments. Dans les eaux et dans les sédiments ces molécules toxiques ont un effet sur la biodiversité et contaminent les organismes qui survivent ou transitent dans les eaux du port.
- des macrodéchets flottaient également en grand nombre à la surface des eaux, en particulier de nombreux débris en plastique. Ces déchets, liés aux activités se déroulant sur ou à proximité des plans d’eau, y sont amenés par le vent ou jetés volontairement à la mer.
Ces macrodéchets vont se dégrader progressivement en microparticules qui vont être assimilées par les différents organismes marins, par exemple par ingestion. Toutes les fractions contamineront les différents échelons des chaines alimentaires avec des effets de bioaccumulation.
L’institut Ifremer vient de publier son rapport annuel sur l’évaluation de la qualité des zones de production de coquillages classées et l’évolution de leur qualité pour la période 2018-2020 sur la base des résultats des réseaux de contrôle microbiologique (REMI) et chimique (ROCCH).
Comme nous le craignions, Ifremer classe la baie du Lazaret en « Très mauvaise qualité » et conclut que « Le classement « B » attribué à la zone par arrêté préfectoral (en 2009) n’est pas concordant avec la qualité estimée sur la période évaluée ».
Evolution de 2018 à 2020 de la présence du nombre de bactéries Escherichia coli par 100g de chair et de liquide intervalvaire (CLI) des échantillons de moules prélevées dans la baie du Lazaret. La valeur seuil de 4 600 E. coli/100g CLI est indiquée par un trait en tiretés.
En effet, le 06 avril 2020 une contamination microbiologique a été détectée atteignant 160 000 Escherichia coli/100g de CLI, soit 34 fois la valeur seuil de 4 600 de E. coli/100g CLI et 22% de la valeur maximale de 720 000 E. coli/100g de CLI observée 18 juillet 1994.
- 28 décembre 2020 : Procès-simulé wild legal avec le cas de l’écocide des boues en méditerranée
- 19 décembre 2020 : Nouvel arrêté préfectoral sur la consommation des moules et huitres de Tamaris (Baie du Lazaret)
- 12 décembre 2020 : Santé - Arrêté préfectoral interdisant la consommation des moules et huitres de Tamaris (Baie du Lazaret)
- 7 décembre 2020 : La pollution des mers « augmente en silence » et ses effets sur la santé humaine également !