Le Plan particulier d’intervention (PPI) concernant les installations nucléaires de base secrète relevant des activité défenses (INBS) du port militaire de Toulon, approuvé en 2012, doit être modifié. Cette évolution faite suite à celle des PPI des centrales nucléaires d’EDF pour tenir compte des leçons tirées de l’accident de Fukushima par les Autorités de sûreté nucléaire.
En effet, une note d’Instruction[1] du Délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la défense (DSND) redéfinit les modalités de mise à jour des PPI concernant les sites nucléaires de défense et les sites du CEA.
Cette instruction doit permettre de faire évoluer le PPI du site de Toulon ainsi que ceux, entre autres, des autres sites portuaires militaires de Brest, Ile Longue, Cherbourg.
Cette instruction va dans le sens des demandes portées par les associations FNE Provence Alpes Côte d'Azur, l’UDVN-FNE83, MART et de l’APE depuis plusieurs années, à savoir l’extension du périmètre du PPI du port militaire de Toulon à 5 km et l'inclusion en particulier la commune de Saint-Mandrier (soumise au risque sous les vents dominants).
Les différentes analyses réalisées par FNE Provence Alpes Côte d'Azur, l’UDVN-FNE83, MART et l’APE et transmises à M. le Préfet, montraient l’importance des conséquences radiologiques prévisibles de rejets radioactifs dans l’atmosphère et dans les eaux suite à un accident nucléaire d’un navire à propulsion nucléaire ou d’une installation nucléaire à terre sur la commune de Saint-Mandrier. Tenant compte de l’impact et du risque radiologiques, nos associations demandaient en particulier une distribution préventive de comprimés d’iode à la population de Saint-Mandrier[2] [3].
L’année dernière, l’incendie du SNA Perle le 12 juin 2020 avait amené France nature environnement, l’Union départementale Vie et Nature et l’APE à réitérer auprès de M. le préfet notre demande de révision du Plan Particulier d'Intervention (PPI) nucléaire du port de militaire de Toulon en vigueur depuis février 2012. Ce 17 décembre, ces mêmes associations ont transmis un nouveau courrier demandant cette révision pour y intégrer la presqu’ile de Saint Mandrier.
En effet, le "scénario-enveloppe" du PPI qui considère un accident à cinétique lente avec des rejets de courtes durées (6 heures après le début de l’alerte) n’apparaît pas réaliste puisque l’incendie du Perle n’a été finalement circonscrit qu’après 14 heures de lutte. Autre cas récent, celui de l’incendie du porte-avions américain Bonhomme Richard, le 16 juillet 2020, qui n’a été maitrisé qu’après 4 jours d’intervention.
Photo : Incendie du Perle (Source : Actualité Toulon 83 sur Facebook)
Plus récemment encore, l’abordage du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle avec un voilier, après celui avec le pétrolier-ravitailleur Meuse, montrent que nos préoccupations quant aux éventuelles conséquences sanitaires d’un accident plus grave qui concernerait la partie réacteur nucléaire d’un bâtiment de la Marine Nationale sont justifiées.
En outre, le PPI-2012 établit les conséquences d’un accident d’un réacteur de SNA de la classe Rubis (K46), soit un réacteur de moindre puissance que ceux du porte-avions Charles de Gaulle et des SNA de classe Suffren (K15 modifié) dont les impacts radiologiques seraient donc plus importants. Ainsi, le PPI prévoit un périmètre de mise à l’abri limité à 2 km du site de l’accident alors que celui du PPI du site CEA de Cadarache qui accueille le réacteur d'essais à terre, version modifiée des réacteurs de type K15, s’étend jusqu’à 5 km autour du centre nucléaire.
Photos : Sous-marins croisant d’autres navires
Pour soutenir la demande de révision du PPI, les associations APE, UDVN-FNE83 et FNE PACA ont réalisé une nouvelle analyse des études réalisées sur l’impact sur le domaine marin d’un accident nucléaire dans le port militaire ou à proximité. Ces études concluent à une contamination radioactive immédiate des eaux littorales de la Presqu’ile de Saint-Mandrier suite à des rejets de radioactivité dans le port militaire ou au large de la presqu’ile.
Simulation de la dispersion au cours du temps de la fraction dissoute de césium-137 dans la couche superficielle des eaux marines à la suite d’un rejet accidentel théorique de 1GBq. La radioactivité volumique est représentée à l'aide d'une échelle logarithmique sur les cartes vectorielles des courants marins. Source IRSN.
Cette analyse complète une première note transmise en 2019 concernant l’impact sur la presqu’ile de Saint-Mandrier de rejets gazeux radioactives en cas d’accident nucléaire.
Simulation d’un rejet théorique de 1 gBq par vent de Mistral. Cartographie de la dispersion atmosphérique et des dépôts de césium-137 (Bq/m2) cumulé sur 24 heures. Source IRSN.
Les mises à jour nécessaires des données réacteur, du scénario d’accident et de nos analyses confortent donc notre demande d’extension du PPI à 5 km et d'y inclure la commune de Saint-Mandrier.
Les résultats des simulations des deux notes sur les rejets gazeux atmosphériques et liquides en milieu marin justifient de prédéfinir les zones d’application des mesures de protection pour les populations de Saint-Mandrier en intégrant les évolutions apportées à la doctrine nationale, à savoir :
Les évolutions des mesures de protection mentionnées plus haut devraient être présentées lors des réunions des commissions d'information et des comités départementaux de sécurité civile, afin que cette demande d’inclusion de Saint-Mandrier dans le PPI puisse faire l’objet de discussions au sein de ces instances locales. |
Pour en savoir plus
- PPI Nucléaire du port militaire de Toulon : http://www.var.gouv.fr/IMG/pdf/PPI_20FEV_version_portail_internet_cle58e482.pdf
- Note d’analyse APE PPI Impact des rejets radioactifs atmosphériques sur la presqu’ile de Saint-Mandrier : lien de téléchargement.
- Note d’analyse APE de décembre 2021 PPI Impact des rejets radioactifs liquides sur la presqu’ile de Saint-Mandrier : lien de téléchargement
Après les incendies majeurs du seul porte-avions de la flotte russe Amiral Kouznetsov, le 12 décembre dernier, du premier porte-hélicoptères d’assaut amphibie chinois le 11 avril, de notre sous-marin nucléaire d’attaque La Perle le 12 juin, c'est au tour de l'un des navires d’assaut amphibie de classe Wasp l’USS Bonhomme Richard d'être la proie des flammes.
USS Bonhomme Richard en feu (Capture d'écran : KGTV-TV)
Ce 12 juillet, une explosion a été entendue puis d'épaisses fumées se sont rapidement dégagées du navire à quai pour des opérations de maintenance et de modernisation dans la base navale de San Diego. L'incendie n'était toujours pas éteint après 50 heures de lutte par les pompiers à quai, les bateaux-pompes et les hélicoptères. Les pompiers fédéraux qui luttent contre l'incendie ont indiqué que l’incendie pourrait durer plusieurs jours.
L’incendie est combattu du ciel par des hélicoptères (Source : Naval Surface Forces)
Près de 60 personnes parmi les 160 marins à bord, pompiers et civils auraient été traités pour des brulures et intoxications mineures durant l’intervention contre l'incendie.
Les navires de la classe Wasp qui peuvent également être utilisés comme des porte-avions légers ont pourtant été conçus pour minimiser au maximum les conséquences d'un incendie à bord, mais le risque zéro n’existant pas, il faut être préparé au pire ... (lien vers notre fiche PPI)
Pour suivre l’information : Naval Surface Forces @SurfaceWarriors
Les circonstances de l’incendie du sous-marin nucléaire d’attaque Perle du 12 juin 2020 ont conduit à réitérer auprès de M. Le Préfet la demande conjointe de l’UDVN83, MART et de l’APE de révision du PPI obsolète du port de militaire de Toulon (lien vers le courrier).
En effet, la vitesse de propagation de l’incendie et sa durée contredisent le scénario « enveloppe » décrit dans le PPI qui apparaît comme très « optimiste » puisqu’il minore les éventuelles conséquences d’un accident de réacteur nucléaire embarqué. Ce scénario enveloppe considère un accident à cinétique lente avec des rejets de courtes durées 6 heures après le début de l’alerte ce qui permettrait de mettre en œuvre des mesures de protection du public.
L’incendie du SNA Perle n’a pas concerné de matière nucléaire, mais repéré à 10h35, il s’est propagé très rapidement dégageant des fumées observées dès le début de l’alerte. Il n’a été finalement circonscrit qu’après 14 heures de lutte. Pourtant, le navire était en cale sèche et l’incendie n’a pas dégagé de radioactivité, circonstances facilitant l’utilisation des moyens de lutte contre l’incendie. Malgré cette situation favorable à la maîtrise de l’incendie, les dégâts sont importants.
Que se serait-il passé si l’incendie avait touché le compartiment réacteur du sous-marin ?
28 Juin 2020 : Augmentation de la radioactivité dans le nord de l’Europe et … à la station de Toulon
Cette semaine, dans le nord de l’Europe, des isotopes radioactifs d’origine artificielle, césium 137, césium 134 et ruthénium 103 notamment, ont été détectés dans l’atmosphère à de très faibles niveaux sans incidence sur la santé humaine, ni l’environnement. Les stations de surveillance de la radioactivité qui ont détectées cette augmentation sont installées dans le secteur sud de la Suède et de la Finlande, l’Estonie et la Lettonie.
L’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires, qui supervise un réseau de stations de surveillance de la radioactivité de l’atmosphère au niveau mondial a indiqué avoir également observé une légère hausse de la radioactivité dans cette région.
Pour autant aucun incident ou rejet anormal n’a été signalé par les pays nucléarisés de cette zone : Suède, Finlande et Russie. Les différentes Autorité de sûreté nucléaire nordiques ont déclaré qu’il ne leur avait pas été possible d’identifier la source de ces augmentations de radioactivité.
A Toulon, la station de surveillance du débit de dose gamma ambiant a également montré des fluctuations tous les jours de cette semaine. Si ces fluctuations sont, elles aussi, bien dues à une activité humaine et sans effet sur la santé humaine et l’environnement, aucun lien de causalité avec l’augmentation des niveaux observés dans le nord de l’Europe.
L’analyse au cours du temps des données transmises par la sonde de télémesure montre que chaque jour de la semaine dernière un pic d’activité a été mesuré entre 10h00 et 20h00. Ici encore, ce sont certainement des « tirs » de gammagraphie qui ont été enregistrés par la station (lien vers notre précédente explication sur la Seyne du 15 juin).
L’intérêt de ces stations de surveillance de la radioactivité, s’il en était encore besoin, n’est donc pas à démontrer puisqu’il permet à tout un chacun de s’informer du niveau de radioactivité en Europe. Malheureusement, elles ne sont pas très nombreuses sur le territoire français, en particulier aucune à Saint Mandrier, par rapport aux réseaux de nos amis européens, même ceux dépourvus d’installation nucléaire...
- 16 juin 2020 – 20h00 : Mise à jour de la surveillance de la radioactivité ambiante
- Surveillance de la radioactivité ambiante sur Toulon
- 13 juin 2020 – 14h00 : Incendie SNA Perle, Mise à jour de la surveillance de la radioactivité ambiante
- 13 juin 2020 – 8h00 : Incendie SNA Perle, Mise à jour de la surveillance de la radioactivité ambiante