A partir de l’été prochain, la direction de Corsica Ferries s’est engagée à alimenter ses navires en carburants marins dont la teneur en soufre n’excède pas 0,1%, dès leur entrée en zone de pilotage dans la grande rade ainsi que lors de leurs escales au port de Toulon, y compris celles de moins de deux heures.
Cet engagement répond en partie à la pétition de MART à laquelle l’APE s’est associée pour éviter que les émissions des bateaux transitant en rade de Toulon aggravent la pollution atmosphérique de la métropole (voir la petition pour des bateaux propres).
Cet engagement, sur une base volontaire à saluer, renforce les dispositions de la Directive europénne entrée en vigueur le 1er janvier 2020 requérant aux armateurs de navires à passagers l’utilisation de carburant à 0,5 % de soufre lorsqu’ils naviguent en mer et à 0,1 % de soufre lorsque leurs escales à quai durent plus de deux heures.
La compagnie Corsica Ferries avec d’autres armateurs ont déjà signée cet engagement avec Nice et de Cannes. Cet engagement est particulièrement bienvenu pour les ports en attente des équipements de branchement électrique à quai. L’engagement de Corsica Ferries est donc une bonne nouvelle qui répond à la question que nous posions le 1er Janvier dernier en ces termes: “Pourquoi l’armateur, ne minimise-t-il pas l’impact de ses navires sur notre santé en utilisant immédiatement en mer et au port lors des escales de courtes durées du fuel à 0,1% en soufre, soit quand même 10 fois au-dessus de la limite pour le diesel des véhicules qu’ils transportent ?” (voir notre précédent article).
Ce 1er janvier 2020 la norme Low Sulphur Oil Fuel (LSFO) de L'Organisation Maritime Internationale (IMO) est entrée en vigueur. Adoptée par les états pour réduire de 85% les émissions soufrées des navires sur l’ensemble des mers et océans de notre planète. Afin d’être en conformité avec cette réglementation et avec la directive européenne 2012/33 du 21 novembre 2012, les armateurs ont trois options : (1) utiliser du fuel plus raffiné contenant moins de 0.5% de souffre (LSFO), (2) équiper leurs navires de système de retraitement des gaz d’échappement en sortie de cheminée (scrubber) ou (3) basculer vers des modes de propulsion des navires moins polluants (électrique ou au GNL).
Malheureusement donc, les navires équipés de scrubbers peuvent continuer à utiliser des combustibles marins en teneurs en soufre supérieures à 0,5%. Leur combustion doit conduire à des valeurs d'émission dans l’air équivalentes ou inférieures à celles correspondant aux valeurs limites de teneur en soufre des combustibles marins imposées (0,1 et 0,5%). C’est pourquoi par exemple, les navires équipés de scrubber peuvent utiliser, à quai ou en mer, du combustible marin dont la teneur en soufre est de 3,50 %, si le rapport d’émissions de SO2 (ppm)/émissions de CO2 (% v/v) est inférieur à 151,7.
D’autre part, l'eau de lavage issue des scrubbers qui utilisent des produits chimiques peut être rejetée en mer, y compris dans des ports, substituant la pollution de l’atmosphère par une pollution des eaux de mer !
Le tout nouveau paquebot de croisière amiral de la compagnie italienne Costa Cruises, battant pavillon italien, a fait escale dimanche dernier à Marseille pour sa première rotation de la saison. Après le Nova de la compagnie Aida, compagnie sœur de Costa dédiée au marché allemand, qui fut la première à proposer un paquebot fonctionnant au Gaz Naturel Liquéfié (GNL) début 2019, c'est le premier navire de Costa à être alimenté au GNL aux ports et en mer. La combustion du GNL produit quasiment aucun émission d’oxyde de soufre (SOX) et de particules, très peu d’oxydes d’azote (NOX) et permet de réduire de l'ordre de 20% les rejets de CO2 par rapport au fuel lourd. Les émissions de dioxyde de soufre nuisent à la santé humaine et à l'environnement et au final forment des dépôts acides sur les sols (lien petition).
Ce paquebot de plus d’un milliard d’euros a été commandé il y a cinq ans aux chantiers navals Meyer en Finlande. La compagnie italienne Costa évolue pour répondre en partie aux demandes des associations de défense de l’environnement, qui dénoncent l'impact des navires, dont les bateaux de croisière, sur l'environnement. L'APE s'est mobilisée à côté de France Nature Environnement (FNE) pour demander des actions concrètes contre la pollution atmosphérique générée par les navires (voir ce lien). Avec Gilles Marcel, président de la fédération Provence-Alpes-Côte d’Azur de FNE, l'APE considère donc que "C’est une bonne nouvelle mais nous n’applaudiront pas à tout rompre. Cela reste un gros navire, avec une pollution moindre mais qui engendre tout de même de la pollution. Mais cela va dans le bon sens. Au-delà de ce cas relativement unique, il faut que l’ensemble des armateurs et de leurs navires fassent des évolutions qui permettent de rentrer dans des normes beaucoup plus protectrices des citoyens et des riverains " (Franceinfo).
Le 24 octobre dernier la France a été condamnée par la Cour de Justice de l’Union européenne pour non-respect de la directive de 2008 pour dépassement « de manière systématique et persistante la valeur limite annuelle pour le dioxyde d’azote (NO2) depuis le 1er janvier 2010 dans douze agglomérations et zones de qualité de l’air françaises, à savoir Marseille (FR03A02), Toulon (FR03A03), etc."
En effet, depuis 2010, entre autres polluants atmosphériques, le seuil limite de dioxyde d'azote a été régulièrement franchi dans l’air que nous respirons à Toulon. La Cour « constate que la France n’a manifestement pas adopté, en temps utile, des mesures appropriées permettant d’assurer un délai de dépassement qui soit le plus court possible. Ainsi, le dépassement des valeurs limites en cause durant sept années consécutives demeure systématique et persistant dans cet État membre malgré l’obligation pour la France de prendre toutes les mesures appropriées et efficaces pour se conformer à l’exigence selon laquelle le délai de dépassement doit être le plus court possible ».
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Le dioxyde d’azote est un polluant issu principalement des moteurs diesel. Il est responsable de 9 300 morts prématurées par an en France. Les causes de cette condamnation sont en ligne avec les résultats publiés par l’INRIX (http//inrix.com/press/scorecard-fr/) qui classait Toulon comme la 3eme ville de France dans laquelle on perd le plus de temps dans les bouchons avec un total de plus de 35h perdues par an.
communiqué de presse de la Cour de justice de l’Union Européenne et
Jugement rendu le jeudi 24 octobre 2019 par la Cour
Les pollutions atmosphériques émises par les voitures, les camions, les transports en commun, les chauffages à fuel mais aussi des bateaux sont la cause de 48.000 décès prématurés en France. Le jeudi 17 mai 2018, la Commission européenne a annoncé sa décision de renvoyer la France devant la Cour de justice de l’Union européenne pour non-respect des normes de qualité de l’air. Notre métropole fait partie des quatorze zones concernées par les dépassements de ces normes ! Voir le niveau quotidien de la qualité de l’air de Saint Mandrier sur la colonne de droite..
Les combustibles utilisés par les navires peuvent contenir jusqu’à 3,5 % de soufre quand le diesel terrestre est limité à 0,001% soit 3500 fois moins ! Les émissions des combustibles utilisés par les navires acidifient les eaux marines et polluent l’air des environnements littoraux que nous, riverains, nous respirons.
En 2020, la règlementation internationale imposera aux bateaux d'utiliser des combustibles dont les teneurs en soufre seront inférieures ou égales à 0,5 %. C’est donc tout simplement insuffisant ! D’ores et déjà des "zones à émissions contrôlées" de soufre existent en mer Baltique, Mer du Nord et en Manche ainsi que pour les ports italiens de Naples, de Rome (Civita Vecchia) et de Venise où les bateaux doivent utiliser des combustibles avec une teneur en soufre inférieure à 0,1 %. Cette règle devrait être imposée à tous les bateaux, présents dans les eaux territoriales françaises, jusqu’à 12 miles des côtes, en vue des terres et des hommes, au mouillage, dans les aires portuaires ou à quai.
Signez la pétition contre la pollution atmosphérique pour des bateaux propres : cliquez sur ce lien Bateaux propres.