L’autorisation préfectorale qui exemptait la Métropole Toulon Provence Méditerranée (MTPM) d’étude d’impact pour les « recharges en sable » de la plage de Sainte-Asile a été annulée par jugement du tribunal administratif de Marseille le 15 mai 2025 . Le grain de sable dans l’approche idéologique de l’environnement de M. Vincent où la réalité n’a aucune importance. Depuis, M. Vincent enrage et comme à son habitude, tente de réécrire l’histoire à son avantage, lors des séances du Conseil municipal, par des avis à la population et par communiqué de presse, et se défausse de toute responsabilité : « ce n’est pas moi, c’est MTPM, c’est le préfet, c’est l’APE… »

Rappel des faits, facilement vérifiables

La plage de Sainte-Asile, à l’état naturel avant sa transformation, était constituée de galets encore visibles aux endroits dépourvus de sable et à la base des banquettes de posidonies. À la fin des années soixante, la décision de s’engager dans une politique de développement touristique a conduit la commune à bouleverser son littoral. Des installations portuaires ont été créées et/ou étendues, et quatre zones côtières ont été ensablées à partir de 1970 (La Vieille, Touring, Canon et Sainte-Asile).

Côté rade, c’est la totalité du littoral qui a été artificialisé. Côté mer ouverte, en dehors des zones de falaises, c’est la quasi-totalité du littoral civil facilement accessible qui l’a été. Aujourd’hui, seules les plages de la Coudoulière et de Cavalas échappent à une recharge annuelle en sable. Concernant la plage de Sainte-Asile, la commune a créé en 1982 un épi de rochers, remblayant chaque année la plage érodée par les tempêtes.

L’APE, une position constante depuis plus de 40 ans

Depuis sa création en 1983, l’APE dénonce cette anthropisation excessive du littoral mandréen et demande l’arrêt des remblaiements annuels des plages, pour permettre leur retour à l’état naturel et protéger l’herbier de posidonies qui borde la presqu’île.

zphoto 1 Plage sainte asile Banquette IMG 20191109 104549

La plage de Sainte-Asile est la seule de la commune à accueillir des banquettes de posidonies, formées à la suite de la chute des feuilles en automne. Les habitants les plus anciens se souviennent qu’enfants, ils jouaient sur ces banquettes où leurs parents étendaient leur serviette : elles n’étaient ni considérées comme sales ni retirées. Sous les banquettes la plage de galets.

L’herbier de posidonies, qui se développe en face de la plage, fait partie de la Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de l’herbier de posidonies de l'anse des Sablettes. Cette ZNIEFF marine de type II est décrite comme un grand ensemble naturel riche et peu modifié, offrant d’importantes potentialités biologiques et abritant des espèces protégées. C’est un site de pêche professionnelle, de baignade, de sports nautiques et de mouillage, bordé par une urbanisation discontinue. Avec 217 ha, c’est la plus petite des sept ZNIEFF à posidonies de la région PACA.

Cette richesse pour notre commune est menacée : des régressions progressives de l’herbier sont observées dans certaines zones. Cette fragilité, due aux nombreuses atteintes environnementales, justifie que, dès 1983, l’APE se soit engagée dans des actions de protection des posidonies.

zPhoto 2x 1992 10 propositions couverture

Une position fondée sur des propositions concrètes

En 1992, pour ses 10 ans, l’APE publiait une liste de dix propositions.

Proposition 7 : « Un superbe champ posidonies. Site maritime protégé qui longe toute la partie sud de la Presqu'ile. Les posidonies constituent de véritables prairies sous-marines et sont nécessaires à la reproduction des espèces et à l'oxygénation des eaux. Ces plantes sensibles à la pollution et à l'arrachage par les ancres des bateaux de plaisance ne se reproduisent que très lentement. Nous proposons que le mouillage de bateaux de plaisance y soit interdit ».

Proposition 8 : encore plus explicite : « Tous les ans, l'apport de "sable" de carrière sur les plages, coûte cher à la collectivité (150 000 F pour 1992) et surtout perturbe l'écosystème marin. (Posidonies asphyxiées, voir proposition n°7, augmentation de la prolifération microbienne sur la plage...) Nous proposons la conservation à l’état naturel de nos plages. Une partie des sommes ainsi économisées pourrait être utilisée pour l'information des touristes sur le bien-fondé de ces mesures ».

Une politique progressivement mise en œuvre… puis détricotée

En 2009, sous l’impulsion d’un ancien président de l’APE devenu élu communal à l’environnement et suivant les recommandations de la commission extra municipale environnement-santé publique la commune a maintenu une partie des banquettes de posidonies sur la plage de Sainte-Asile, après un sondage estival auprès des baigneurs.

Photo 4 Var Matin 2009 Enquete posidonies Sainte Asile zPhoto 5x Panneau Poteau Sainte Asile P3070013 zPhoto 5A Panneau IMG 2038

Après un résultat favorable au sondage sur le maintien des banquettes sur la plage, des panneaux d’information et de sensibilisation du public ont été installés pour expliquer cette démarche novatrice pour l’époque, saluée par Var-Matin et FR3.

Détournement de la protection naturelle

Le 24 avril 2017, l’État accorde par arrêté préfectoral la concession de la plage « naturelle » de Sainte-Asile à la commune. À partir du 1er janvier 2018, MTPM est devenue autorité concessionnaire.

Photo 6 20180529 Var Matin L'imposant paquebo de béton est sorti de terre Photo 7 20180621 Var Mat Cap Azur Les premiers résidents arrivent

Toujours en 2018, sur la photo publiée le 29 mai 2018 par Var-Matin on voit clairement le « paquebot de béton » et la plage de Sainte-Asile massivement rechargée en sable dans son prolongement, une plage privative pourrait-on penser. Et le 21 juin 2018, c’est l’inauguration en grande pompe par M. Vincent avec son écharpe tricolore qui coupe le ruban. Un projet municipal ou privé, y aurait-il confusion des genres ?

zSainte Asile Panneau Poteau P7050062 zPhoto 8 20190310 Posidonie Stockage en arrière plage P3100009 zPhoto 9 20190310 Posidonie Stockage en arrière plage P3100012

Cette même année 2018, les panneaux d’information disparaissent, les banquettes sont détruites, le sable est ramené en masse, les feuilles de posidonie sont stockées en lisière de pinède.

tpmgv

En 2018 toujours, M. Vincent, alors vice-président de TPM est en charge des plages concédées de la métropole. Champion du remblaiement, il se vante dans Nice-Matin (29/12/2018) avec zèle « TPM fait tout pour réensabler la plage de Mar-vivo »… mais malheureusement pas que cette plage !

L’APE contre-attaque

Le 11 mars 2019, l’APE alerte par courrier M. Vincent sur le statut d’espèce protégée des posidonies. Elle demande que les plages soient gérées dans le respect de leur état naturel.

Dans sa réponse du 18 mars, M. Vincent affirme que « la procédure de réensablement des plages est prévue par les concessions de plage et que notre méthode est bien conforme à la réglementation ».

Le 10 avril 2019, l’APE demande alors la preuve de cette autorisation. M. Vincent répond le 23 mai que « Notre commune, site pilote (sic), avait une autorisation tacite des services de l'Etat et depuis la nouvelle concession de 2017 » … ce qui n’existe pas en droit.

Le 28 mai 2019, curieusement MTPM, en réalité l’antenne communale, demande une dispense d’étude d’impact au cas par cas, pour 2019-2020, sans mentionner l’impact du remblaiement de la plage sur les herbiers à proximité.

Cette demande d’exemption par MTPM auprès des autorités est tout simplement l’officialisation du remblaiement illicite pratiqué à coups de pelleteuse par M. Vincent depuis des dizaines d’années. C’est ce qu’il reconnaît donc aujourd’hui et avec lui les conseillers municipaux de sa liste à qui veut l’entendre, sans aucune préoccupation des effets potentiellement désastreux sur l’herbier de Posidonie de la Znieff toute proche.

zPhoto 10 Travaux recharge P6130105 zPhoto 9 Travaux recharge P6130141

Mais la saison estivale 2019 approche et les touristes vont bientôt arriver. Alors, le 13 juin 2019, un réensablement massif est réalisé sans autorisation préfectorale.

L’arrêté préfectoral n° AE-F09319P0185 autorisant ces remblaiements n’est publié que le 8 juillet 2019.

Le 3 septembre 2019, l’APE dépose un recours gracieux contre cet arrêté. Rejeté sans justification le 8 novembre. L’APE demandait simplement qu’avant remblaiement de la plage une étude d’impact soit réalisée pour évaluer le risque de destruction de l’herbier.

Ce premier épisode a permis de clarifier la situation. La commune a réalisé ces remblaiements sans aucune autorisation jusqu’en 2019 et en particulier dans la configuration actuelle de la plage depuis la création de l’épis en 1982.

L’APE ne dépose pas de recours contentieux en annulation mais met en place un suivi régulier de l’herbier qui couvre la période 2019-2021. Les observations in situ par des plongées sur l’herbier montrent des zones où il s’ensable avec la mort de rhizomes.

Nouvel accroc et victoire judiciaire

Le 22 janvier 2022, l’antenne mandéenne de la métropole dépose une nouvelle demande d’exemption d’étude d’impact sur l’herbier pour des remblaiements sur une période de 10 ans, de 2022 à 2032. La demande prévoit une fois de plus la destruction des banquettes de Posidonie et le mélange des feuilles avec du sable. Ce mélange est présenté comme un millefeuille mais en fait cela n’a rien à voir avec le gâteau du même nom.

zPhoto 11 Banquette Tempete PB140205

D’après M. Vincent, « les posidonies sont mélangées avec du sable pour créer un mille-feuille... pour le confort des usagers… en même temps maintenir le trait de côte (sic) ». En réalité, les banquettes de feuilles de posidonies reconnues comme un écosystème en soi qui est donc détruit alors même que ce sont les banquettes maintenues en place sur les plages qui les protège de l’érosion lors des tempêtes. N’a-t-il jamais su que les feuilles de Posidonie étaient utilisées pour rembourrer les matelas ou comme litière par "les hommes du Lazaret", près de Nice, il y a plus de 10 000 ans, et ils n’y ajoutaient pas de sable…

Les publications qui le démontrent sont nombreuses et la DREAL Provence-Alpes-Côte d’Azur a même édité en avril 2019 un fascicule intitulé « Améliorer la gestion de la posidonie sur les plages » où il est indiqué que « Les banquettes ne doivent pas être déplacées, y compris en période estivale, afin de préserver le fonctionnement naturel de la plage ».

Cette fois-ci, une étude est jointe à la demande d’exemption d’étude d’impact qui montre bien l’impact des remblaiements passés avec l’ensablement progressif de l’herbier en bord de plage avec la mort des rhizomes sur certaines zones. Exactement ce que l’APE a observé avec son suivi sur les trois dernières années.

Pourtant, le 28 février 2022 l’arrêté préfectoral N° AE-F09322P0026 accorde une dispense d’étude d’impact pour le rechargement en sable de la plage de Sainte-Asile pour 10 ans.

Aussi, le 27 avril 2022, l’APE, France nature environnement du Var et de PACA déposent un recours gracieux demandant l’annulation de ce dernier décret.

Il est rejeté implicitement le 29 juin puis explicitement le 7 juillet 2022.

Le 27 aout 2022, les trois associations sur la base d’une analyse argumentée déposent un recours contentieux auprès du Tribunal Administratif de Marseille.

Le 15 mai 2025, le tribunal administratif de Marseille donne raison aux 3 associations et reprend certains de leurs arguments. Le jugement retient que l’inventaire faunistique et floristique sous-marin relèvent « l’effet du réensablement de la plage sur l’ensablement de certaines zones de l’herbier et la présence de mattes mortes récentes ». Ensuite, le jugement retient que « les banquettes de feuilles mortes de posidonie oceanica, formées sur la plage, en ce qu’elles sont l’habitat et la source de nutriment pour des espèces protégées telles que la posidonie elle-même et le grillon maritime, constituent un support de biodiversité. Leur déplacement tel que prévu par le projet en litige entraîne ainsi des effets potentiels sur le rôle qu’elles jouent ». Il constate en outre que « la poursuite de l’érosion de la plage en dépit d’opérations de rechargement en sable pour un volume supérieur à celui fixé, au cours des années 2019-2022, eu égard aux caractéristiques du projet en cause et à sa localisation, les incidences de celui-ci sur l’environnement présentent un caractère notable ».

Les réensablements des plages sont donc suspendus puisque à l’évidence l’effet des remblaiements de sable n’est pas limité à la partie émergée de la plage, ni limité à la période des travaux.

Exemple de bonnes pratiques :

Les banquettes sont intégralement conservées en place sur certaines plages en PACA. Par exemple celles gérées par le Parc national de Port-Cros comme Notre-Dame et Plage d’Argent. C’est un modèle en matière de protection intégrale des posidonies, à la fois en mer et sur les plages.

Cela fait-il fuir les touristes ? Certainement pas, bien au contraire. Aussi, depuis l’été 2021, une limitation stricte du nombre de touristes en recherche de plage naturelle est en place sur l’île de Porquerolles. Une charte des bateliers est appliquée pour limiter le nombre de visiteurs journaliers plafonné à 6 000 personnes. Ce quota reconduit depuis sous l’impulsion conjointe de la MTPM, de la commune de Hyères, du Parc national, et des opérateurs maritimes …

D’ailleurs la Région Sud a compris l’attrait touristique des plages naturelles. Elle s’est engagée pour la préservation des banquettes de posidonie en créant la « Charte d’engagement pour des plages de caractère en Méditerranée ». Là encore TPM en est signataire.

charte

Les signataires de la chartre ont donc signé ce qui suit :  Ensemble, nous voulons : (1) Des plages de Méditerranée reconnues pour leur caractère unique, naturel et authentique. (2) Des plages de Méditerranée gérées avec respect vis-à-vis de la faune et de la flore qui les habitent. (3) Des plages qui valorisent notre identité culturelle méditerranéenne. (4) Que l'économie balnéaire prenne en compte les services écosystémiques rendus par la posidonie. Etc. »

Mais au fait, toute cette agitation, cette surenchère de contre-vérités, ces accusations répétées contre l’APE… ne seraient-elles pas destinées à détourner l’attention du vrai sujet ? Car une question demeure : pourquoi la plage de Sainte-Asile a-t-elle perdu son Pavillon Bleu ? Une distinction pourtant si valorisée par les communes, attribuée aux sites respectueux de l’environnement. M. Vincent s’est bien gardé de communiquer sur cette rétrogradation. Et pour cause : une plage artificialisée, des banquettes de posidonies détruites, un herbier fragilisé, des rejets incontrolés… difficile de cocher les cases du label quand on persiste à ignorer les principes élémentaires de la gestion écologique du littoral.

Pourquoi l’antenne mandréenne de MTPM, sous la responsabilité de M. Vincent, par ailleurs vice-président de la Commission Protection de l’Environnement, Développement Durable, Transition Écologique et Énergétique (et tutti quanti…), demande-t-elle systématiquement que le remblaiement de la plage de Sainte-Asile soit exempté d’étude d’impact sur l’herbier de posidonies ?

Pourquoi M. Vincent et ceux de sa liste claironnent-ils qu’en conséquence la plage ne sera pas nettoyée ? Considèrent-ils les feuilles de posidonies et les banquettes comme des déchets, des saletés dont il faudrait « nettoyer » la plage ?

Cela en dit long sur leur compréhension de l’environnement et de sa protection…

Pourquoi se défausser systématiquement sur MTPM, les services de la préfecture, ou l’APE ? Manœuvres dilatoires ?

M. Vincent ne manque jamais une occasion d’accuser l’APE d’être une opposition politique, qualifiant ses membres selon les éléments de langage habituels de son parti, Les Républicains, dont il applique à la lettre les orientations populistes et antiscience. En réalité, chacun aura compris que c’est lui qui instrumentalise à des fins purement électoralistes tous les dossiers sur lesquels l’APE exprime un désaccord. Son objectif ? Grappiller quelques voix à droite pour les prochaines élections, au prix d’une politique obstinée de bétonnage, d’artificialisation et de dégradation de la presqu’île, aussi bien sur terre qu’en mer.