Cette nuit la température de l’eau est à 27°C ! Et oui, la Méditerranée se réchauffe et des maxima sont observés cet été pour les eaux baignant les côtes de l’Espagne à celles de la Grèce. Nos plongées sont autant d’occasions pour observer d’éventuels effets sur la flore et la faune sous-marines.

z01 Poulpe commun Octopus vulgaris IMG 2116 z02 Poulpe commun Octopus vulgaris IMG 2247

z03 Poulpe commun Octopus vulgaris IMG 2242 z04 Poulpe commun Octopus vulgaris IMG 2235

Nous mettons la tête sous l’eau et un poulpe sur le haut d’un rocher semble nous attendre. A notre approche, il file dans l’herbier de Posidonies tel une fusée. Il rejoint son trou où il a amassé galets et coquillages.

Nous continuons notre promenade nocturne et nous croisons plusieurs poulpes tachetés (Callistoctopus macropus), aussi appelé poulpe à longs bras ou poulpe moucheté. Habituellement très agités par l’intensité de la lumière des lampes, ce soir ils sont relativement calmes. Un effet de la température ?

z05 POULPE TACHETÉ IMG 2386 z06 POULPE TACHETÉ IMG 2391

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La couleur rouge de leur robe est ponctuée de taches blanches fluorescentes. Magnifique, il est très photogénique, tant posé sur les rochers qu’en nage en plein eau.

Ces poulpes vivent dans des cavités rocheuses ainsi que dans l’herbier de posidonies. C'est une espèce nocturne qui se nourrit de bivalves, crustacés, poissons mais aussi d'autres poulpes ! Comme les autres espèces de poulpe, leur reproduction a lieu entre le printemps et la fin de l'été. La femelle pond plusieurs centaines d'œufs qu'elle accroche et protège au plafond de sa cavité. Elle meurt d'épuisement peu de temps après l'éclosion de ses œufs.

Un peu plus loin, une anémone de mer Alicia (Alicia mirabilis) déploie ses longs tentacules dans le courant pour attraper les animalcules se déplaçant aux alentours. Elle n’est pas visible pendant la journée car totalement rétractée, elle ne s’épanouie que la nuit.

z08 Anémone alicie Alicia mirabilis IMG 2161 z09 Anémone alicie Alicia mirabilis IMG 2232

La colonne translucide de l’Alécia qui peut atteindre 40 cm de haut porte de nombreuses protubérances. Les tentacules translucides disposés en couronne sont munis de cellules très urticantes.

Pas loin sur les rochers ou à la surface des sédiments, les Bonellies vertes (Bonellia viridis) envoient leurs longues trompes se terminant par T. Leur corps globuleux est invisible caché dans une fissure ou sous des rochers.

z10 Bonellie Bonellia viridis  z11 Bonellie verte Bonellia viridis Pierre P7180003

La trompe à la forme caractéristique des Bonellies est bien visible par leur couleur qui tranche avec la couleur du substrat. A la moindre frayeur, sous l’effet de la lumière par exemple, elle rétracte leur trompe pour la mettre à l’abri.

Elles se nourrissent de particules organiques qu’elles amènent jusqu’à leur bouche grâce à cette trompe qui est couverte de mucus et de cils. La surface de la trompe contient également une substance neurotoxique qui peut paralyser de petites proies animales.

Nous observons également des Bernard-l'hermites de grande taille (Dardanus calidus) qui déambulent avec leurs anémones commensales (Calliactis parasitica) fixées sur leur coquille. Les adultes atteignent 10 cm ce qui en fait l’une des espèces les plus grosses des côtes françaises. 

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Accrochés aux algues et anfractuosités à des surplombs de grands Bernard-l’hermites avec leurs anémones recherchent leur nourriture et fuient à toute vitesse la lumière des lampes.

Difficile de les rater car leur couleur est flashie. Ces gros pagures sont quasiment entièrement rouges. Quelques nuances de rose apparaissent au niveau des articulations des pattes et des pinces et leurs antennes sont entre le rouge et l'orange. 

Côté poisson, dans une zone de tombant, nous avons la chance de croiser un mérou brun (Epinephelus marginatus) plutôt placide. Il est vrai que les mérous aiment l’eau chaude, ils sont donc bien servis en ce moment et sortent plus facilement des cavités où ils se réfugient lorsque l’eau est plus froide !

z13 Mérou Epinephelus IMG 2137 z14 Mérou Epinephelus IMG 2146

Un jeune mérou au corps trapu à la magnifique livrée est de sortie ce soir. Il est vrai que la température de l’eau pousse à la balade. Il se laisse approcher et se laisse tirer le portrait sous les feux de la lumière.

Le mérou se nourrit principalement de poulpes et de seiches, mais aussi de crustacés et de poissons. Il chasse ses proies à l'affût attendant qu'elles passent à la portée de sa gueule. C’est un « top » prédateur classé en fin de chaîne alimentaire.

Belle rencontre également avec des sars commun (Diplodus sargus) et à tête noire (Diplodus vulgaris) qui se laisse approcher. Tout en force avec de belles écailles d’un gris argenté. Ils vivent généralement en petit groupe au niveau de l'herbier ou sur les petits fonds rocheux. 

z15 Sar IMG 2359 z16 SAR À TÊTE NOIRE Diplodus vulgaris IMG 2322

Dans l’herbier, entre les feuilles de Posidonies, un sar commun se repose et sa robe d’écailles prend des reflets dorés sous l’effet du flash. Pas très loin de l’herbier, entre les rochers un sar à tête noire essaie de passer inaperçu.

Ce sont des espèces qui se nourrissent de vers, crustacés, mollusques et échinodermes grâce une dentition efficace pour broyer coquilles, carapaces et autres tests d’oursins. Leur voracité lui est parfois fatale puisqu’ils sont très attirés par les appâts des pécheurs…

Dans l’herbier toujours, des corbs communs (Sciaena umbra) se faufilent prestement entre les feuilles de Posidonies fuyant notre approche.

z17 Corbe IMG 2331 z18 Corbe anilocre IMG 2347

Un jeune corb se promène dans l’herbier de Posidonies. Un autre présente un couple d’anilocres fermement accroché à la base de sa caudale. Les anilocres atteignent 3 cm de longueur avec des appendices terminés par des crochets qui leur permettent de se fixer sur les poissons dont elles se nourrissent du sang, mais aussi du mucus et des tissus cutanés.

A l’activité nocturne, les corbs se nourrissent de crustacés et de vers polychètes, voire d’autres poissons lorsqu’ils atteignent une belle taille. Dans la journée, très craintifs, ils se cachent dans les cavités et crevasses avoisinantes.

z19 Rascasse IMG 2121 z20 Sauclet Atherina hepsetus IMG 2155

De jeunes rascasses sont à l’affut sur les rochers en quête de nourriture pendant que les bancs d’Atherine se sont dispersés au-dessus de l’herbier de Posidonie.

La température élevée ne semble donc pas avoir d’effets visibles sur le nombre d’espèces observées. Cependant, nous avons constaté, s’il en était encore besoin, que l’herbier de Posidonies est bien d’une importance vitale pour nombre d’espèces qui le fréquentent.

Il est donc particulièrement regrettable que les responsables de la commune continuent à participer sciemment à sa destruction en ré-ensablant tous les ans les plages, conduisant à l’ensablement progressif des herbiers limitrophes et à leur régression avec toute la flore et la faune associées. Cette régression est bien visible d’année en année à la plage de Sainte-Asile.