10 août 2021 : Bonne mère, c’est la risée nationale !

Canard enchaîné Marée nostrum

Dans son édition de mercredi 4 aout, le Canard enchainé cite le dernier bulletin municipal Le Mandréen de juillet-août pour se moquer du contresens révélateur, de l’orthographe et du pléonasme du « notre marée nostrum 1» (sic) de l’article sur le « Plan de protection de l’atmosphère approuvé » (PPA) rédigé par M. Vincent. Le volatil déchainé conclu, comme beaucoup de Mandréennes et Mandréens d’ailleurs, « on y perd son latin »…

On y perd son latin d’autant que l’auteur de l’article débute par « En matière de pollution atmosphérique, dès lors qu’il s’agit de la santé humaine, nous n’allons jamais assez vite ... ».

C’est ce que l’APE pense depuis des années et c’est également l’avis de la Commission européenne exprimé en 2019 et, plus récemment, du Conseil d’Etat, ce 4 aout 2021, qui ont condamné la France pour manquement aux obligations issues de la directive qualité de l’air2,3 de 2008 ! (Voir nos posts précédents sur le sujet).

Aussi, rappelons quelques chiffres pour notre région. En 2009, le PPA de l’agglomération indiquait que la santé des populations de l'agglomération de Toulon était largement impactée puisque 10 900 personnes étaient exposées à un dépassement de la valeur limite pour les seules particules PM10. En 2017, à l’échelle du PPA, près de 150 000 personnes (soit 30% de la population) restaient exposées au dépassement des seuils recommandés par l’OMS pour les particules fines4. En 2019, Atmosud estimait que c’étaient encore 123 000 habitants qui résidaient dans une zone où les concentrations en particules fines PM2.5 dépassaient les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). De même, AtmoSud relevait qu’en 2017 et 2019, environ respectivement 5 000 et 2 500 personnes résidaient dans une zone où les concentrations en dioxyde d’azote (NO2) dépassaient la valeur limite réglementaire annuelle.

quod erum demonstrandum2

« quod erat demonstrandum » : Expression latine signifiant "ce qu'il fallait démontrer ", prononcée après une démonstration (en abrégé : "C.Q.F.D." ou "Q.E.D.")

Entre les deux derniers PPA, les données de surveillance d’Atmosud semblent montrer certes une amélioration de la qualité de l’air. Cependant, un certain nombre de citoyens reste à convaincre dont d’aucuns se sont mobilisés pour mesurer en permanence la qualité de l’air avec leurs propres capteurs citoyens-citoyennes.

A ce titre M. Vincent concède d’ailleurs dans son article qu’effectivement « des populations … vivent dans des zones où la pollution est importante, comme autour de l’autoroute ». Alors pourquoi Atmosud a-t-elle supprimé en 2017 la station fixe implantée à proximité de l'autoroute, station dont les résultats de mesure étaient intégrés à la moyenne des polluants caractérisant Toulon et intéressaient particulièrement les riverains de l’autoroute. Supprimer des mesures ne permet plus la mise en évidence et le suivi des pollutions, il est vrai que le credo de certains responsables est : pas de données, pas de problème !

De même, la station implantée pendant 6 mois sur le toit du bâtiment de la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer) pour mesurer la dispersion des rejets de fumées des ferries (Dioxyde de soufre) à leur arrivée et dans le port de Toulon ne les a détectés que très rarement par vents très faibles, bien que les panaches eux soient bien visibles de tous, et ce malgré l’annonce rassurante de M. Vincent dans un bulletin précédent.

La position des stations est effectivement cruciale. Ainsi, lors de l’incendie du SNA Perle le 12 juin 2020, aucune des stations d’Atmosud, même celle la plus proche du sous-marin située à environ 750 mètres, n’a mesuré d'augmentation significative des résidus de brûlage des équipements dans les fumées, polluants qui se sont inévitablement dispersés dans l’atmosphère de cette zone pendant les 14 heures qu’a duré l’incendie… Aucun impact sur la qualité de l’air d’après les stations, quel expert peut vraiment croire cela ?

Incendie Perle Panache Station Atmosud

Position de la station Toulon Foch par rapport à la zone d’incendie du SNA Perle le 12 juin 2020

Atmosud Station Toulon Foch PM 10

Exemple d’évolution de la concentration en particules PM10 mesurée à la station Atmosud de Toulon-Foch à proximité de l’arsenal du 11 au 13 juin 2020.

L’article annonce également la mise en place d’une station de contrôle de la qualité de l’air au niveau du PAM. L’APE ne peut qu’être satisfaite de cette installation qu’elle demandait depuis des années. Cependant cette station est une station mobile qui ne mesure que cinq paramètres : Dioxyde de soufre (SO2), Dioxyde d'azote (NO2), Particules PM2,5, Monoxyde d'azote (NO) et Oxydes d'azote (NOX).

Les mesures viennent seulement de commencer ce 27 juillet et devraient se terminer fin septembre 2021, soit une durée de mesure de deux mois (Consultation des données | AtmoSud). M. Vincent indique qu’elle est censée mesurer l’impact des fumées de bateaux mais, compte tenu de la hauteur des cheminées des ferries, les retombées de ces polluants ne devraient être qu’accessoirement mesurables par la station par vent très faible. Cependant elle devrait permettre de mesurer une partie de l’impact de la circulation routière importante de ce secteur en début de matinée et fin de journée. L’APE espère que cette station mobile deviendra une station fixe pérenne pour combler le vide de suivi des pollutions locales susceptibles d’impacter la santé des Mandréennes et Mandréens.

Concernant les « 39 fiches » que mentionnent M. Vincent dans son article, l’APE attend surtout des résultats concrets des 60 actions mentionnées dans le PPA dont une dizaine apparaissent importantes, comme la mise en place d’une Zone à Faibles Émissions mobilité (ZFEm), compte-tenu de leur impact sur l’amélioration attendue de la qualité de l’air en 2025. A cette date, il s’agira d’être inférieurs aux seuils préconisés par l’OMS et d’atteindre l’objectif de zéro habitant exposé à des dépassements de valeurs limites de qualité de l’air. C’était déjà l’ambition des 30 actions du précédent PPA… ! L’APE espère que ces actions seront réalisées pour atteindre les objectifs de qualité de l’air en 2025 et ainsi faire mentir Henri Queuille, président du conseil et ministre des finances et de l’intérieur sous la 3ème république qui disait « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » …

10 août 2021 Arrivée du Pascal Lota en petite rade

10 août 2021 : Arrivée du Pascal lota en petite rade de Toulon avec son panache de fumées dont les polluants vont se disperser dans notre zone. Qui vérifie la teneur en soufre du carburant utilisé par les navires ?

L’auteur de l’article indique que la réglementation « préconise un fioul à 0,5%... » et que « lors d’une réunion ministérielle sur l’air, (il aurait) demandé à Madame la Ministre Borne de mettre une zone ECA sur toute la Méditerranée ». En réalité la mise en place d’une zone ECA relève de négociations de l’Etat français avec les autres états bordant la Méditerranée auprès de l’organisation maritime internationale (OMI), il faut relire notre post du 23 juillet 2021 intitulé « Pollution atmosphérique visible au large de la presqu’ile ! » pour connaitre l’agenda en cours. D’autre part, la réglementation en dehors des zones ECA, ne « préconise » pas l’utilisation d’un fioul à 0,5% mais fixe bien depuis le 1er janvier 2020 la teneur maximale en soufre de 0,5% pour les carburants tout en permettant malheureusement aux navires d’utiliser un carburant à haute teneur en soufre (« HSFO ») s’ils sont équipés de dispositifs de traitement de fumées, dits « scrubbers », dont les effluents peuvent être rejetés directement dans la mer. Une option que M. Vincent d’ailleurs défendait encore récemment, l’aurait-il oubliée4 ?

Enfin, notez l’existence du projet européen AER NOSTRUM 2020-2023, tiens donc certains s’inquiètent de la qualité de notre air, du programme MARITTIMO visant à améliorer les connaissances sur la pollution maritime et à évaluer l’impact d’aménagements ayant pour but d’améliorer la qualité de l’air sur les zones portuaires de PACA, Corse, Sardaigne, Toscane et Ligurie par la modélisation et des mesures en 2021 et 2022 dans la rade de Toulon… Améliorer les connaissances au lieu de réduire puis d’éliminer les sources de pollutions qui sont pourtant déjà bien connues ? Allez, à ce sujet, une dernière citation de Henri Queuille, « Il n'est pas de problème, si compliqué soit-il, que le temps et l'absence de solutions ne finissent par résoudre », tout est dit.

1Mare nostrum est une expression latine qui, traduite littéralement, signifie « notre mer » en évoquant la mer Méditerranée. L’expression remonte à la pacification de la Méditerranée par les romains permettant aux navires de commerce d’approvisionner Rome en denrées et matériaux divers en toute sécurité....

2La directive européenne 2008/50/CE sur la qualité de l’air, retranscrite dans les articles L.222-4 à L.222-7 et R. 222-13 à R.222-36 du Code de l’Environnement, impose l’élaboration d’un Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA) pour les agglomérations de plus de 250 000 habitants, ce qui est le cas de l’agglomération de Toulon. Le précédent PPA couvrait la période 2013-2018, c’est donc avec 3 ans de retard que le nouveau PPA a été adopté…

3En mai 2015, la Commission Européenne a adressé à la France un avis motivé pour non-respect des normes sur les particules (PM10) puis dans un arrêt rendu le 24 octobre 2019, la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) a condamné la France pour manquement aux obligations issues de la directive européenne sur la qualité de l’air (2008/50/CE), en raison du dépassement de manière systématique et persistante de la valeur limite annuelle pour le dioxyde d’azote (NO2) depuis le 01/01/2010 dans douze agglomérations dont Toulon.

4Var-Matin du 11/06/2018 « Pollution : On n'a pas attendu M. Hulot pour agir ».. Selon Gilles Vincent, d'autres pistes sont peut-être à explorer, comme la création, par une filiale de Cnim, d'un « scrubber », sorte de filtre placé sur les cheminées, qui permettrait de ...

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