Si vous vous promenez sur le bord de la route et les sentiers de la Renardière, vous pouvez observer des extrémités des rameaux de pin d’Alep qui jonchent le sol. Ils sont parfois en grand nombre sous la frondaison d’un pin dont le houpier est parfois dépourvu d’aiguille. Les aiguilles des rameaux au sol sont jaunâtres et la section du rameau est creusée d’un orifice bien circulaire.
Si vous faite une section longitudinale de ces rameaux vous constaterez que l’orifice donne sur une galerie au fond de laquelle vous pourrez trouver un minuscule coléoptère cylindrique de 2 mm environs de long, aux élytres de couleur brune.
A première identification les pins d’Alep de la Renardière pourraient être l’objet d’une attaque de scolytes, petits insectes xylophages de l'ordre des coléoptères de la famille des curculionidés (Curculionidae). Leur nom vient du grec skôlêx pour « ver ». Il pourrait appartenir à l’espèce Tomicus destruens ou Tomicus piniperda qui s'attaquent aux pins affaiblis ou abattus, mais cette première identification rapide reste à confirmer. Cette espèce de scolyte n'effectue pas sa nutrition de maturation dans l'écorce de l'arbre dans lequel il a fait son développement larvaire, mais les jeunes imagos s'envolent et effectuent leur nutrition de maturation dans la « moëlle » des pousses de pins. Ainsi, ce petit coléoptère détruit les pousses de l'année et empêche la croissance des arbres. La répartition de cette espèce de scolyte est assez vaste en Europe et Asie, de la France jusqu'au Japon.
La succession de canicules ou d'étés chauds et secs suivant des hivers anormalement doux semble avoir favorisé dans tout l'hémisphère nord les pullulations de différentes espèces de scolytes. Pour la presqu’île, bien que le pin d'Alep soit adapté aux sécheresses estivales, les peuplements installés sur les sols les plus superficiels ont subi un fort stress hydrique consécutif aux faibles pluviosités annuelles. De plus l’incendie majeur de l’an dernier (lien vers notre bulletin spécial incendie) dans ce contexte pluriannuel de sécheresses anormalement longues, peut avoir favorisé la reproduction massive de ces scolytes sur les arbres déshydratés et/ou affaiblis par l’incendie. Les scolytes en retour agissent comme des facteurs aggravants le dépérissement des arbres car ils attaquent ceux déjà affaiblis par d’autres facteurs abiotiques comme le stress hydrique.
Si vous observez des pins qui présentent les « symptômes » décrits plus haut n’hésitez pas à nous le signaler sur
Nous avons bien entendu signalé cette pullulation de scolytes à l’Office national des forêts.
Pour en savoir plus : DSF InfoTechniqueN58 Hylesine également téléchargeable sur le site de l'ONF (https://www.ofme.org/archives.php3?ID=773) et la thèse présentée par Marion DURAND-GILLMANN intitulée « Interactions plantes-insectes dans deux écosystèmes forestiers méditerranéens contrastés : le cas des scolytes (Coleoptera : Curculionidae : Scolytinae) en région méditerranéenne » (http://www.theses.fr/2014AIXM4316.pdf)