Le texte accordant une dérogation jusqu'en 2023 pour l'utilisation des pesticides néonicotinoïdes (voir notre post du 30 septembre) a été adopté ce mardi 6 octobre par l'Assemblée nationale avec 313 votes pour l'adoption et 158 votes contre (lien vers le résultat du scrutin).

De nombreuses voix LREM ont manqué pour adopter le projet de loi permettant des dérogations temporaires à l’interdiction d’utilisation des néonicotinoïdes pour la filière de la betterave. 175 députés du groupe LREM ont voté ce texte mais 32 ont voté contre et 36 se sont abstenus. Les 8 députés du Var en exercice [Geneviève Levy (LR), Cécile Muschotti (LREM), Sereine Mauborgne (LREM), Philippe Michel-Kleisbauer (MoDEM), Valérie Gomez-bassac (LREM), Emilie Guérel (LREM), Fabien Matras (LREM)] ont tous voté le projet de loi ré-autorisant jusqu'en 2023 l'usage des insecticides néonicotinoïdes. Nous leur avions transmis un courrier leur demandant de ne pas voter le projet compte tenu de l’impact de ces substances sur la biodiversité.

En effet, depuis le 1er septembre 2018, à la suite de la loi biodiversité du 8 août 2016, l’utilisation des produits contenant des néonicotinoïdes, les substances similaires et des semences traitées avec ces produits est interdite en France. Toutefois, des dérogations à cette interdiction pouvaient être accordées jusqu’au 1er juillet 2020.

Avec cette nouvelle loi, les dérogations à l’utilisation de semences traitées avec des néonicotinoïdes sont donc possibles jusqu'au 1er juillet 2023.  Le gouvernement prévoit de les accorder à la filière de la betterave dans l'attente de solutions alternatives.

 promo sur le glyphosatePourtant, « en même temps » la forte toxicité des néonicotinoïdes, largement documentée par plus d’un millier d’études scientifiques n’est contestée par les porteurs de la dérogation qui ne récusent pas les dangers pour les abeilles et autres insectes, le reste de la faune, le sol, les rivières et in fine la santé humaine. Ce sont jusqu’à de 80% à 95% des néonicotinoïdes qui finissent dans le sol pour y persister pendant des années, contaminant l’eau, les cultures ultérieures et la flore voisine.

Référent LREM sur la transition écologique, Jean-Charles Colas-Roy estimait déjà, le 21 septembre dans Libération, que « réécrire la loi de 2016 pour inscrire une possible régression pose un très gros problème ». Il a d’ailleurs voté contre le projet de loi en faisant remarquer à l’Assemblée « On parle beaucoup de la filière betterave, on parle moins de l’économie liée à la diminution des colonies d’abeilles ». En réponse, promesse a été faite de « mettre la pression sur la filière » pour qu’elle trouve vite des alternatives.

Pour paraphraser Jacques Chirac : les engagements n’engagent que ceux qui y croient !