La saison estivale vient juste de débuter depuis trois semaines chez nos amis de "l'ile continent", aux antipodes de notre Presqu'île. Les mêmes causes ayant les mêmes effets sur l'ensemble de la planète, comme pour la France, la canicule s'y est installée et les maximums de température tombent. voir l'animation sur twitter

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La moyenne nationale des températures maximales calculée par le bureau de météorologie australien a atteint 41,9 °C le 18 décembre. L'Australie a battu le record de la journée la plus chaude des mois de décembre depuis le début des relevés météorologiques. C’est un degré de plus que le précédent record (40,9 °C) qui avait été établi… la veille 17 décembre (!), battant celui de janvier 2013 (40,3 °C).

Le maximum absolu de température pour un mois de décembre en Australie a frôlé les 50 °C. La température a atteint 49,8 °C le 19 décembre à Eucla, en Australie occidentale. Le précédent record absolu pour un mois de décembre avait été établi à Birdsville, dans l’État du Queensland, en 1972 (49,5 °C).

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Températures maximales atteintes le 18 décembre en Australie

Les prévisions pour l'évolution des températures durant l'été 2019 en Australie ne sont pas optimistes puisque la presque totalité du pays connaîtra une sécheresse exceptionnelle.

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Prévisions des températures maximales pour l’été 2019-2020 en Australie

Comme cela a été le cas chez nous, suite à un déficit pluviométrique cette canicule en début de saison estivale assèche encore plus les terres et les végétaux. La situation est donc particulièrement préoccupante pour le pays déjà ravagé depuis des mois par des centaines de feux qui sont apparus précocement cette année. Depuis septembre, ils ont déjà détruit une superficie d'au moins 30 000 km², la surface de la Belgique, tué au moins 10 personnes et détruit plus de 800 maisons.

Heureusement, les incendies sont restés limités à plus d’une centaine de kilomètres des zones plus densément peuplées comme plusieurs grandes villes de l'est du pays dont Sydney.

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Les autorités mettent à jour une carte interactive pour suivre les incendies de forêts en cours.

Sans surprise, les scientifiques australiens expliquent la gravité des incendies de cette année par une conjonction de facteurs : des précipitations très faibles, des températures record et des vents forts. Certains estiment que le réchauffement climatique contribue à favoriser ces conditions.

Or un tiers des exportations mondiales de charbon, l'une des sources d'énergie qui rejette le plus de gaz à effet de serre, provient d'Australie fournissant des revenus et emplois aux Australiens.

Fort de ce constat économique, Scott Morrison, le Premier ministre leader du centre-droit, qui a remporté en mai les élections, ne fait pas preuve d'imagination dans le domaine économique, ni d'ailleurs de langue de bois. Il a déclaré le 23 décembre, "Nous n'allons pas nous engager dans des objectifs irresponsables, destructeurs d'emploi et nuisibles pour l'économie (du charbon) qui sont demandés" en réponse à ceux qui lui demandent d’agir pour le climat...

D'ailleurs la position irréductibles des gouvernements australien, américain, indien, etc. a conduit les discussions de la COP25 à Madrid dans une impasse. Les pays ont décidé de reporter la prise des décisions importantes sur les plans nationaux de réduction des émissions de carbone à la prochaine conférence fin 2020. Il est effectivement urgent de ne rien faire !

Devant tant de perspicacité et d'empathie pour les générations futures on comprend mieux pourquoi quasiment à la même date, le 12 décembre, lors d'une conférence en marge de la COP25, des scientifiques du CNRS, de l'Institut Pierre-Simon-Laplace des sciences de l'environnement (IPSL), de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et l'Agence nationale de l'aviation civile et de la météorologie (ANACIM) du Sénégal ont présenté des initiatives scientifiques en Europe et en Afrique pour se préparer localement aux impacts, inévitables, du réchauffement climatique. En effet, comme l'a précisé Hervé Le Treut, climatologue de l'IPSL, "Le réchauffement continuera à cause des gaz à effet de serre déjà émis, pour l'éviter on devrait passer au-dessous de 0 émissions, il faudrait un taux négatif où on capte plus que ce qu'on émet, pour enlever le CO2 déjà accumulé. Je pense que ce n'est pas bien compris encore. On doit essayer de trouver des solutions de court terme pour les prochaines décennies à des changements qui sont pratiquement inévitables aujourd'hui".

D'où la nécessité de prévoir et de s'adapter aux conséquences que ce réchauffement aura inévitablement au niveau local : en région PACA, arrêter de bétonner le littoral et nos forêts peut être, mais la encore il faudrait faire preuve d’imagination économique pour sortir d’un modèle obsolète ?

Lecture conseillée : https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat/cop-25-en-plus-de-diminuer-les-emissions-il-faut-se-preparer-localement-aux-impacts-du-rechauffement_139851.