Il y a environ 125 000 ans, la dernière brève période chaude entre les périodes glaciaires du Quaternaire, a conduit à d’importantes inondations littorales bien mises en évidence aux Pays-Bas et en Méditerranée. Les températures à cette époque, appelée période de l’ Eémien, étaient à peine plus élevées qu’actuellement. Elles auraient été dues à une variation des paramètres orbitaux de la planète avec une plus grande inclinaison de l'axe de rotation et un plus grand périgée, par rapport à aujourd'hui.

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L’Antarctique est un continent quasi-circulaire d’environ 4 500 km de diamètre (la distance Paris-Bagdad), de 14 millions de km2 soit 225 fois la surface de la France. Les données radars satellitaires ont permis de cartographier la topographie de ce continent et visualiser des montagnes, des canyons, et même des lacs sous les 2,3 km d’épaisseur moyenne de glace (Source Polarpod).

En conséquence, l'expansion thermique des océans et la fonte des calottes glaciaires du Groenland et en particulier l’effondrement de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental ont conduit à une élévation du niveau de la mer de 6 à 9 mètres par rapport au niveau actuel.

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Deux pieuvres observées en Méditerranée, le Poulpe tacheté (Callistoctopus macropus) et le poulpe commun (Octopus vulgaris).

En décembre 2023, la revue Science a publié un article de chercheurs de la James Cook University (Australie) concernant l'analyse de l’ADN d’une centaine de pieuvres de Turquet (Pareledone turqueti) collectées dans les mers de Weddell, d'Amundsen et de Ross. Aujourd'hui, ces trois mers ne sont pas directement reliées, séparées par la calotte glaciaire, qui isolent les populations de pieuvre de Tuquet vivant depuis environ quatre millions d'années dans ces mers entourant l'Antarctique.

Pourtant, l’analyse de leur ADN montre des échanges de matériel génétique entre les différentes populations de pieuvre de la mer de Ross et de Weddel. Ces échanges n’auraient été possibles que si des passages maritimes existaient entre ces deux mers permettant aux pieuvres d’emprunter un passage à travers le continent qui se situe entre un et deux kilomètres sous le sommet de la couche de glace actuelle (suivant les flèches en pointillées sur la carte). L’hypothèse est que ces échanges auraient pu se faire lors de la dernière période interglaciaire de l’Éémien lors de la fonte de la calotte et la remontée des eaux.

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Ce graphique montre l’évolution entre 1979 et 2023 de la surface minimale annuelle de la glace de mer de l'Antarctique exprimée en million de km2.  La surface est calculée sur la base d'une moyenne mobile sur 5 jours de la surface observée journalièrement. Cependant, la tendance à la baisse qui est de 0,9 % par décennie n'est pas statistiquement significatif.

Si cette hypothèse est correcte, le réchauffement climatique actuel pourraient laisser craindre qu’une fonte massive de la calotte glaciaire de l'Antarctique occidental aurait pour conséquence une montée des eaux telle que celle observée lors de l’Éémien en Méditerranée dans le sud-est tunisien.

Or conformément aux calculs présentés dans le sixième rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), en Antarctique, la température devrait continuer à augmenter et la masse de la calotte glaciaire continuera à diminuer. Les observations actuelles par satellites de la surface de glace de la calotte glaciaire antarctique confortent malheureusement les craintes exprimées par les scientifiques…