D’un cynisme anti-écologique à l’autre, les rétrogrades redoublent d’effort. Après le refus d’interdire le chalutage de fond dans les aires marines protégées tel que proposé au niveau européen, le ministère de la Transition écologique s’en prend aux espèces végétales marines protégées par l’Arrêté du 19 juillet 1988, dont les Posidonies. Après une brève consultation publique de deux semaines menée en catimini, ce ministère qui jour après jour n’a d’écologie que le nom, s'apprête à autoriser par un nouvel arrêté la destruction des banquettes de Posidonies qui sont l’emblème patrimoniale de nos plages.

Le projet d’arrêté, bourré d’erreurs, prévoit de revenir sur l'interdiction du prélèvement des plantes sur le littoral méditerranéen comme les Posidonies, pourtant essentielles dans la lutte contre son érosion. L’erreur la plus grossière qui en dit long sur l’expertise des rédacteurs de ce projet d’arrêté, Posidonia oceanica est mentionnée comme présente en Atlantique, Manche Est, Mer du Nord Guyane, Martinique, Guadeloupe, Réunion, Mayotte alors que cette espèce ne se développe qu’en Méditerranée ! 

 zPB230110Les banquettes de Posidonies sont un rempart naturel gratuit contre l’érosion des plages en particulier lors des largades. Leur destruction entraîne le recul du trait de côte avec les atteintes aux infrastructures qui est compensé à grand frais par le remblaiement de sable de carrière comme ici à la plage de Sainte-Asile.

Les articles de ce  projet d’arrêté est en contradiction avec de multiples articles scientifiques et aux conclusions de la très récente journée d’échanges entre scientifiques et politiques sur le thème des banquettes de Posidonie organisé le 3 février 2023 par la région PACA et la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement Provence-Alpes-Côte d’Azur). Les participants ont montré, s’il en était encore besoin, l’intérêt de préserver les banquettes de posidonie sur les côtes sableuses pour leur importance écologique et pour la biodiversité en particulier.

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La journée d’échange sur la gestion des banquettes de Posidonie du 3 février 2023, co-organisée par la Région et la DREAL Provence-Alpes-Côte d’Azur, a été une belle occasion d’échanges pour les 80 participants impliqués dans la gestion des plages (scientifiques, élus, agents des collectivités, des services de l’État, des établissements publics, associations). Pour nous l’occasion aussi de retrouver le Professeur Charles-François Boudouresque expert scientifique des Posidonies, fondateur du GIS-Posidonies.

En effet, à mesure que la banquette s’épaissit, sa base devient plus compacte, offrant ainsi une protection naturelle des plages contre l’action des vagues et des tempêtes en plus d’être un réservoir temporaire de carbone, azote et phosphore pour les herbiers de Posidonie eux-mêmes. En outre, elles renferment un grand nombre d’espèces de micro-organismes, crustacés, etc. qui lorsque les feuilles retournent à la mer sont sources de nourritures de nombreuses espèces de poissons.

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L’information du rôle des posidonies auprès du public et tout particulièrement des touristes est essentielle pour expliquer son rôle pour la biodiversité et la protection des plages contre l’érosion. Ici un des panneaux à la plage des Sablettes, ceux de Sainte-Asile ont été supprimés après le remblaiement de cette plage avec la destruction des banquettes...

C’est évidemment un nouveau non-sens écologique pour les scientifiques mais aussi certainement pour la DREAL-PACA qui indiquait en 2019 « Dans la majorité des cas, il convient de laisser les banquettes de posidonie sur place. Dans de rares cas, lorsque c’est justifié, elles peuvent être déplacées. Il convient alors de maintenir, si possible, une partie de ces banquettes en place pour qu’elles continuent de jouer leur rôle de protection de la plage tout au long de l’année » ce qu’elle illustre avec le schéma ci-dessous. 

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Le cycle infernal de l’enlèvement des banquettes qui conduit à l’érosion des plages de sable qui sont ré-engraissées de sable de carrière qui est dispersé en mer par les vagues et les tempêtes ennoie l’herbier et augmentant la turbidité limite la photosynthèse ce qui conduit à la régression des herbiers sous-marins qui génèrent donc moins de feuilles mortes… [d’après DREAL PACA (2019)]. Améliorer la gestion de la Posidonie sur les plages) C’est ce qui est observé depuis des années à la plage de Sainte-Asile où l’herbier régresse progressivement enseveli par le sable de carrière plus abrasif que le sable marin et pour un coût prohibitif à la charge des contribuables…

Aussi, lors de la consultation publique France Nature Environnement a donné un avis défavorable à ce projet d’arrêté compte tenu des nombreuses imprécisions du texte, tant sur le fond que sur la forme, qui conduisent à rendre ce dernier projet d’arrêté incompréhensible.

Ci-après, le reportage de FR3 locale sur le sujet: