Certains d’entre nous se souviendront, qu’il y a un peu plus de 5 ans, le 21 mai 2015, un millier de personnes étaient venues écouter Pierre Rabhi à l’invitation de l'association Partager la terre1 qui fêtait son installation sur le site de l’Ermitage.
Ce jour-là, il a partagé son expérience qui l’a conduit à être l’un des apôtres de la « sobriété heureuse ». Il a expliqué sa vision alternative, par un retour à la terre, à la civilisation hors sol qu'il voyait se développer avec la rupture du lien viscéral avec la nature considérée comme un gisement de ressources à exploiter, à épuiser. Aussi à partir de 1994, il décide d’animer le mouvement Oasis pour promouvoir le retour à une terre nourricière et la reconstitution du lien social.
Au fil du temps, une évidence s'est imposée à Pierre Rabhi : seul le choix de la modération de nos besoins et désirs, le choix d'une sobriété libératrice et volontairement consentie, permettra de rompre avec cet ordre anthropophage appelé mondialisation. Aussi propose-t-il de remettre l'humain et la nature au cœur de nos préoccupations, et redonner enfin au monde légèreté et saveur.
Son mantra : nous devons « d’abord nous changer pour changer le monde » avec comme corollaire que « chacun doit faire sa part ». Aussi, en 2002 il co-fondera le mouvement des Colibris1 avec l’écrivain militant Cyril Dion pour sensibiliser aux questions de l’agroécologie et de la nature.
En 2015, Cyril Dion, inspirateur de la Convention citoyenne pour le climat, co-réalisera avec Mélanie Laurent le film documentaire « Demain » qui présente les initiatives dans dix pays, face aux défis environnementaux et sociaux du XXIème siècle. Son dernier film « Animal » est sortie au cinéma la semaine dernière sous la forme d’un documentaire engagé qui célèbre la beauté de la vie sauvage et le combat de ceux qui la défendent (à voir !).
Pierre Rabhi aura inlassablement œuvré pour favoriser l’avènement d’un monde humaniste et respectueux de la nature. Très récemment d’ailleurs, le 23 avril 2018, Édouard Philippe, premier ministre de l’époque, présente son « plan anti-gaspillage » où il mentionne l’approche préconisée par Pierre Rabhi.
Pierre Rabhi est mort à l’âge de 83 ans.
1 L’association Partager la Terre a été créée en 2010 à l’initiative d’André Huber. Elle est aujourd’hui située sur le domaine du château de la Mole dans le golfe de Saint-Tropez. L’association a pour objectif de promouvoir et transmettre l’agroécologie et la permaculture à destination de tout public.
2 Colibris tire son nom d’une légende amérindienne, racontée par Pierre Rabhi. Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! " Et le colibri lui répondit : "Je le sais, mais je fais ma part."
Pour en savoir plus :
- https://www.partager-la-terre.fr/
- https://www.ape83430.fr/toute-l-actualite-passee/482-9-avril-2015-rencontre-avec-l-association-partager-la-terre
- Pierre Rabhi, Du Sahara aux Cévennes ou la Reconquête du songe, Albin Michel, 1995 ;
- Pierre Rabhi, Le Recours à la terre, Terre du ciel, 1999
- Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, Actes Sud, 2010 ;
- Pierre Rabhi et Juliette Duquesne, Les Excès de la finance ou l’Art de la prédation légalisée, Presses du Châtelet, coll. « Carnets d’alerte », 2017.