15-16 août 2020 : La nuit des rascasses et autres gobies

Après le vent des derniers jours, la température de l’eau est remontée mais un reste de houle remet en suspension les sédiments les plus fins et les débris d’algues… Situation pas optimale pour la prise de photographies !

Cette nuit, les rascasses sont de sortie et chassent à l’affut immobiles, installées sur leurs rochers au milieu des algues ou dans l’herbier de Posidonies.

La Rascasse brune (Scorpaena porcus), d’une quinzaine de cm de longueur, est très commune sur ces substrats où son camouflage la rend invisible aux yeux du plongeur non averti et de ses proies ! Elle se nourrit principalement de petits poissons (blennies, gobies), de crustacés et autres invertébrés.

Elle est reconnaissable à sa tête massive portant au-dessus de chaque œil un grand lambeau cutané, à peu près aussi long que le diamètre de l’œil. Elle est plus petite que le Chapon (Scorpaena scrofa) qui atteignant 50 cm de longueur est la plus grande rascasse de Méditerranée. Il vit sur des fonds rocheux et coralligènes et arbore également des lambeaux cutanés de coloration, très pâle ou très vive selon les substrats, variant du rouge au jaune, en passant par l’orange ou le rose.

Dans les failles des mêmes rochers notre regard a été attiré par la couleur jaune orangé d’une Crevette cavernicole jaune (Stenopus spinosus) qui est une crevette nettoyeuse de poissons. Elle partage son abri avec des Castagnoles (Chromis chromis) et une Serpule (Serpula vermicularis), un ver vivant dans un tube calcaire rigide, qui a déployé les deux lobes de son panache branchial en forme d'entonnoir.

A côté, une anémone de mer, peut-être l’Anémone gemme (Aulactinia verrucosa), déploie également ses tentacules ornés de larges bandes vertes ou grises, pour se nourrir de plancton qu’elle ramène jusqu’à sa bouche lippue.

Plus loin une Murène commune (Muraena helena) nous « accueille » la bouche ouverte, montrant ses multiples dents tranchantes, palatines et pharyngiennes, très utiles pour se saisir de ses proies et les déchiqueter. Heureusement, plutôt craintive, elle n’attaquera un plongeur que si elle se sent menacée.

Entre rochers et herbier de Posidonies, un Serran-écriture (Serranus scriba) se laisse photographier de très près : les dessins bleus et rouges ornant sa tête et ses opercules sont magnifiques. Dans le même secteur, un Gobie à joues poreuses (Gobius geniporus) posé sur le sable attend son repas. Redoutable chasseur, très vorace et opportuniste, il se nourrit de mollusques, de petits crustacés, de vers et même de jeunes poissons. Il est reconnaissable à la présence d’une tache sombre sous l’œil.

A proximité, effrayé par notre passage, un Poisson-lézard rayé (Synodus saurus) s’enfouit dans le sable, laissant seulement dépasser ses yeux disposés sur la partie supérieure du crâne. Ses dents fines et pointues sont bien visibles. Lui aussi chasse à l'affût engloutissant des poissons, mais aussi des céphalopodes et des crustacés qui passent à portée de sa bouche.

Un Sar à proximité de l’herbier montre un couple d’Anilocra, crustacés isopodes parasites des poissons marins fixés sur sa queue. L’individu femelle est le plus gros atteignant 3 cm de long. Ces crustacés possèdent des appendices thoraciques terminés par des crochets qui leur permettent de se fixer sur les poissons « hôtes ».

Nous remontons vers la surface en croisant des Anchois (Engraulis encrasicolus), petites flèches argentées, qui habituellement se déplacent en banc serré et qui se sont dispersés pour passer la nuit. A l’atterrissage, nous saluons notre ami le poulpe (Octopus vulgaris) en vadrouille au sommet d’un caillou. Il présente des excroissances temporaires pour essayer de se faire passer pour un bouquet d’algues, raté on t’a vu …