Cette nuit c’est encore quasi pleine lune mais après plusieurs jours de Mistral, la température de l’eau est à 15°C ! Un reste de houle agite l’eau qui est chargée de particules en suspension. Deux paramètres pas favorables du tout à la prise de photographie qui nécessite stabilité et clarté mais quand l’envie de plonger vous prend…

02 Murène commune (Muraena helena)

Et ce soir, les « chasseurs » nocturnes recherchent leurs proies. Une murène commune (Muraena helena) de belle taille qui, la journée cachée dans des crevasses et failles de rochers, serpente à découvert cette nuit entre les rochers. Elle se délecte de poissons, poulpes et crustacés mais aussi de leurs cadavres et de déchets qu’elle détecte avec ses narines tubulaires très sensibles et qu’elle déchiquète de ses puissantes mâchoires. Rencontre également avec un congre commun (Conger conger), pas étonnant puisque c’est un prédateur nocturne avec le même régime alimentaire et qui vit dans le même biotope que la murène.

01 Murène commune (Muraena helena) 03 Congre commun (Conger conger)

Tout à coup un poulpe tacheté (Callistoctopus macropus), aussi appelé poulpe à longs bras ou poulpe moucheté, fonce sur nous, attiré par l’intensité de la lumière de nos lampes. De couleur rouge, sa robe est ponctuée de taches blanches fluorescentes.

04 Poulpe tacheté (Callistoctopus macropus)

Magnifique, il est très photogénique, tant posé sur les rochers qu’en nage en pleine eau. Il vit dans les cavités rocheuses, ainsi que dans les prairies de posidonies. C'est également une espèce nocturne qui se nourrit de bivalves, crustacés, poissons mais aussi d'autres poulpes. Comme les autres espèces de poulpe, sa reproduction a lieu entre le printemps et la fin de l'été. La femelle pond plusieurs centaines d'œufs qu'elle accroche et protège au plafond de sa cavité. Elle meurt d'épuisement peu de temps après l'éclosion de ses œufs.

05 Poulpe tacheté (Callistoctopus macropus) 07 06 Poulpe tacheté (Callistoctopus macropus)

Accroché à un surplomb apparaissent des soleils miniatures, de beaux individus solitaires de corail d’un jaune vif presque fluorescent (Leptopsammia pruvoti). Ils déploient leurs tentacules constellés de verrucosités juste en limite de l’éponge encroûtante orange-rouge (Crambe crambe). Beau contraste !

08 Corail solitaire jaune (Leptopsammia pruvoti) et éponge Crambe 09 Couple de corail solitaire jaune (Leptopsammia pruvoti)

Un peu plus loin, une anémone de mer verte (Anemonia viridis) s’étire à moins qu’elle ne se soit en train de se déplacer, car elle est d'activité diurne, et est souvent rétractée la nuit. Son corps mou, brun rougeâtre ou verdâtre, lisse bien visible ce soir se termine par une couronne de tentacules atteignant une quinzaine de centimètres. Elle se nourrit de petits poissons, crustacés et autres invertébrés qui passent à la portée de ses tentacules.

10 anémone de mer verte (Anemonia viridis)

A côté, les deux expansions latérales en forme de T caractéristiques de l’extrémité de la trompe de la Bonellie verte (Bonellia viridis) sont visibles. Le corps, en forme d'un petit sac, caché dans une anfractuosité se prolonge par une trompe qui peut atteindre au maximum deux mètres se rétracte sous l’effet de la lumière.

11 Bonellie verte (Bonellia viridis) 12 Anemone tomate  (Actinia equina)

Au-dessus, juste sous la surface de la mer battue par la houle, fixée au rocher par sa base en forme de ventouse, s’épanouit la tomate de mer (Actinia equina) appelée actinie rouge. Une autre belle anémone de mer, ses courts tentacules urticants sont disposés en 6 rangées concentriques et sont entièrement rétractiles, rarement visibles de jour. Elle est aussi carnivore mais nocturne, l'actinie rouge se nourrit principalement de détritus organiques, zooplancton, petits poissons et petits crustacés qu'elle capture en déployant ses tentacules.